Quand le premier tome de Coq de Combat est publié en 2003, il fait l'effet d'une bombe dans le petit monde du manga. Seinen servit par une histoire puissante et un dessin racé, la quête de ce jeune parricide laisse rarement indifférent. Les auteurs nous proposent de suivre le destin de cet adolescent, exclu de la société à 16 ans, qui tentera de survivre grâce à la violence. Le traitement des combats est d'ailleurs une de ses grandes forces, retranscrit avec beaucoup de rigueur technique autant par les dessins que par les explications qui les accompagnent. Prenant à contre pied la plupart de la production de manga sportif, il rappelle les origines des arts martiaux, quand savoir se battre était une question de survie et où le code de l'honneur était réservé a ceux qui pouvaient se permettre ce luxe. A ce titre le combat entre Kakiuchi et Ryô est l'un des plus significatif, le samurai contre le paysan, l'honneur officiel contre l'horreur quotidienne.
Possédant des thèmes forts, un sous texte riche et décrivant sans fards un monde qui engendre et se nourrit de violence, Coq de combat avait donc tout pour plaire. Du moins jusqu'au treizième tome. La boucle était bouclé, un simple épilogue aurait suffit à le faire rentrer dans le panthéon des mangas de qualité. Malheureusement ce ne fut pas le cas.
S'en suivit une longue descente dans la médiocrité: des incohérences scénaristiques flagrantes, une approche des arts martiaux rocambolesque et surtout une déconstruction involontaire du discours tenu jusqu'alors. Une tentative de second souffle grâce à un changement de point de vue et une remise en cause de Ryô a bien lieu, efforts somme toute audacieux mais qui reste malheureusement sans effets, annonçant même le summum du ridicule avec un ersatz de l'Akatsuki Narutonienne.
Finalement la série ne sera selon toute vraisemblance jamais achevée, et c'est probablement mieux ainsi. Mort en plein vol, une définition parfaite de Coq de Combat.