Quand le steampunk grille les circuits, mais manque d’étincelles

Captain Swing & les Pirates Électriques de Cindery Island, c’est un peu comme bricoler un zeppelin avec une clé à molette et une bonne dose d’espoir : c’est ambitieux, ça grince parfois, mais ça vole quand même. Warren Ellis et Raulo Caceres nous plongent dans un univers steampunk électrisant, où les voltages narratifs oscillent entre le génie et le court-circuit.


L’histoire nous propulse dans une Angleterre alternative, où la vapeur rencontre l’électricité dans un déluge de machines improbables et de rebelles masqués. Captain Swing, héros énigmatique et un brin anarchiste, mène une rébellion contre un système oppressif, armé de gadgets futuristes et d’un style flamboyant. L’idée est séduisante, mais l’exécution, parfois brouillonne, te laisse souvent les doigts sur l’interrupteur, hésitant à plonger totalement.


Graphiquement, Raulo Caceres livre un travail dense et détaillé. Les planches débordent de rouages, d’engrenages, et d’ambiances nocturnes, renforçant l’immersion dans cet univers industriel alternatif. Mais cette richesse visuelle peut parfois être écrasante, donnant un sentiment de surcharge qui freine la lecture. Certaines scènes d’action, pourtant spectaculaires, manquent de clarté, comme si les circuits artistiques avaient surchauffé.


Côté écriture, Warren Ellis injecte sa patte habituelle : dialogues percutants, personnages plus grands que nature, et un ton résolument subversif. Mais ici, la magie opère par intermittence. Si l’univers est captivant, l’intrigue manque parfois de fluidité, avec des transitions abruptes et des moments où le récit semble s’égarer dans sa propre ambition. Swing, en tant que personnage principal, brille par son charisme, mais reste trop insaisissable pour que l’on s’y attache pleinement.


Le concept des pirates électriques, bien que prometteur, n’est pas exploité à fond. On a l’impression que l’histoire effleure des idées géniales sans jamais vraiment les approfondir, laissant un arrière-goût d’inachevé. Le rythme, quant à lui, oscille entre des séquences effrénées et des temps morts qui brisent l’élan.


En résumé : Captain Swing & les Pirates Électriques de Cindery Island est une aventure steampunk visuellement riche et conceptuellement audacieuse, mais qui souffre d’une exécution inégale. Une lecture intrigante pour les amateurs de mondes alternatifs et de gadgets éclairs, mais qui risque de laisser certains lecteurs sur le quai. À lire pour l’expérience, mais ne t’attends pas à une révolution… électrique.

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le 22 nov. 2024

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CinephageAiguise

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