Taniguchi est un auteur protéiforme. Son style, unique et singulier s'adapte à chacune de ses œuvres tout en restant logique avec l'ensemble de sa carrière. Les débuts de la carrière de Taniguchi sont plus accès sur des mangas sombres et violent. L'auteur a ensuite évolué vers des œuvres plus sensibles et ouvertes à l'introspection, à l'intime ou au quotidien. Blanco est une œuvre singulière dans sa carrière, elle est typique de l'auteur sur bien des aspects mais mélanges diverses périodes de sa carrière dans un long récit.
Blanco est un chien blanc traversant l'Alaska à la tête d'une meute de loup. Il croise la route de deux chasseurs, l'un d'eux l'attaque en vain et se fait tué immédiatement par le chien. Le deuxième chasseur, paralysé, regarde le chien partir. Blanco est un animal mystérieux, chien traversant mystérieusement l'Alaska et doté de facultés extraordinaires. Il s'ensuit une chasse à de multiples niveaux. Le chasseur suis Blanco, fasciné et terrifié, d'autres personnages finissent par suivre l'animal, dont l'armée d'un petit État sous le joug de l'URSS.
Il apparaît vite que Blanco est à l'origine le chien d'un grand scientifique américain capturé par la petite république soviétique afin de développer un programme de chiens dotés de facultés surnaturelles leur permettant de sortir de l'URSS.
Taniguchi propose ici un méli-mélo de son art. Ce manga est un récit d'action sans concession doté d'un dessin précis et ultra détaillé souvent violent graphiquement. Il est aussi un récit naturaliste comme l'auteur aime en proposer et un hommage à « l'appel de la forêt » de Jack London. Les paysages d'Alaska et du Canada dessinés par Taniguchi sont d'une grande beauté.
L'auteur dote également son récit d'un aspect intimiste au travers des différents personnages qui vont suivre ou traquer Blanco.
Le mélange proposé est très efficace et intéressant pour son aspect protéiforme. Si l’œuvre propose un tournant intéressant entre le deuxième et troisième tome en se renouvelant un peu, l'ensemble de la série se révèle souvent répétitif. On a rapidement l'impression de lire des scènes déjà présentent plus tôt dans la série. Cette impression est due à une mise en page trop répétitive surtout dans les scènes d'actions. La narration de l'auteur, utilise presque tout le temps un narrateur externe qui alourdi le récit et lui donne un petit aspect kitsch.
Entre série B d'espionnage, œuvre naturalise et rapport entre l'homme et le sauvage.. Blanco est une jolie lecture, parfois maladroite mais proposant des moments forts et laissant en tête les sublimes visions de grandes étendues naturelles.