Black Face promettait beaucoup. Cauvin n'hésite pas à aborder frontalement les vraies raisons d'une guerre responsable de la mort de tant d'innocents ; en plus, l'auteur n'hésite pas à aborder les questions raciales qui y sont liées (et surtout l'hypocrisie des états majors àce sujet). Un thème profond, beaucoup moins léger que ce qu'a pu écrire Cauvin.
Pourtant, Black Face déçoit. Le problème est récurrent dans l'oeuvre du scénariste ; quand il s'agit de raconter une histoire en 44 pages, l'auteur a du mal à trouver le bon rythme : soit il traite à fond son sujet et dans ce cas là il manque quelques pages pour peaufiner la résolution finale, soit il traite son histoire très superficiellement et coupe sa narration en deux objectifs principaux (ce qui donne lieu à deux histoires collées l'une à l'autre souffrat d'un manque global de conflits). Black Face, comme Le David, souffre de cette scission. La révolte qui étit le premier objectif semble trop facile vu qu'en quelques heures (=quelques pages) tous les noirs du coin sont 'contaminés' (on se demande même comment vu la distance entre les différents lieux abordés). S'ensuit alors un autre objectif découlant du premier logiquement, mais lui aussi traîté en trop peu de pages (si déjà 44 pages ce n'est pas assez pour une histoire, imaginez en 20 pages !). Les conséquences de ce manque de conflits sont grave : d'abord tout paraît trop facile ; ensuite, il est difficile pour le lecteur de vraiment s'impliquer, de vraiment avoir peur pour les héros vu que tout est trop facile ; enfin l'album donne une impression de superficialité malgré un sujet et quelques moments forts (par exemple la scène dans l'église est géniale en soi, mais la mise en oeuvre pour y arriver est très pauvre). Pour faire bref, cette histoire aurait dû être traîtée en 88 pages, nous aurions eu là un chef d'oeuvre.
Graphiquement, Lambil ne semble plus trop faire d'effort. Il est doué, il y a de chouettes détails, mais le dessinateur prend aussi de mauvaises décisions. La couverture illuster bien cela : à première vue c'est une composition intéressante, il y a de chouettes détails se rapportant à l'album, mais si l'on pose le regard sur lse arbres... l'auteur nous a habitué à un souci plus important des détails ; je ne demandais pas à voir des arbres entiers, il pouvait se contenter d'une silhouette, mais le contour du feuillage est tout de même trop paresseusement dessiné. Et pire, pourquoi tous ces traits pour un arbre encore plus loin (à droite) ? A l'intérieur de l'album c'est mieux, ce sont juste les cadrages que je remets en question : je les trouve trop peu dynamiques, Lambil semble se contenter du strict minimum pour mettre en scène sans pour autant jamais atteindre une forme d'épuration parfaite.
Bon, l'album reste intéressant, les personnages sont bien écrits, il y a de bonnes situations, mais le traitement laisse sur sa faim, on en attend plus surtout avec un sujet pareil. Un divertissement sympathique dont certaines scènes marquent mais sans plus.