Multi-primé (Eisner Awards, Prix Spécial Angoulême, Lucques...), l'oeuvre mérite les hommages qui lui ont été rendus.
- une bande dessinée aux partis pris graphiques forts mais pour autant qui garde intacte sa lisibilité (malgré les flashbacks),
- des thèmes multiples qui garantissent la possibilité de relectures.
Une profusion de duels de thèmes
- la rencontre de l'architecture et l'art contemporain à travers ses 2 protagonistes ;
- la communication interpersonnelle (ou l'incommunicabilité) qui mène - ou pas - à l'amour ;
- l'apprentissage individuel à travers l'expérience de la grandeur et de la décadence qui mène à la rédemption ;
- la vie et la mort.
Bref globalement la dualité est le thème central de cet ouvrage ambitieux.
Des graphismes d'une rare maitrise
Parcourir Asterios Polyp, c'est également prendre des cours de dessins.
Souvent les partis pris esthétiques tranchants prennent le pas sur la lisibilité de la BD.
Ici, il n'en est rien.
Au contraire, l'auteur David Mazzucchelli se permet de varier les genres :
- traits minimalistes qui se limitent au fort,
- effets de type aquarelle,
- esquisses hachurées etc.
Avec une rare continuité et même des effets sublimes quand les types de dessins se rencontrent l'un l'autre, comme deux deviennent un en se confondant.
La culture par-dessus tout
Bonus : les lecteurs iront à la rencontre de :
- l'architecture (fonctionnelle type Bauhaus ou moderne),
- des arts contemporains (sculpture, théâtre, musique...),
- la littérature (Orphée, Aristophane...).
Certes du coup avec des insertions de références parfois au détriment de la fluidité du scénario. Le seul bémol de l'ouvrage qui eut été parfait sans cela.
Bref une BD aux graphismes novateurs et à la narration presque exemplaire.
Pour tous ceux qui veulent explorer de nouveaux territoires.