Ce retour de Blacksad était attendu.
On retrouve avec bonheur ce puissant félin, limier à ses heures. Or, celles-ci semblent s'être trop rapidement égrenées et l'enquêteur aspire à la paix. Ce n'est donc pas une enquête à laquelle le lecteur va assister mais plutôt le déroulé d'un imbroglio quelque peu chaotique mettant en scène un poète, un écrivain, un avocat éditeur, d'anciennes connaissances et un cirque.
Le cirque et son cortège de personnages singuliers arrive en seconde partie de l'album et offre de beaux moments, d'émotion ou de tension au lecteur. Il permet aussi au dessinateur d'utiliser tout son talent à la réalisation de trognes animales ô combien expressives et bien choisies.
C'est d'ailleurs à ce niveau, le dessin et sa mise en couleurs, que le charme opère à nouveau. Les physiques sont superbes, les types d'animaux -miroirs des caractères de chacun- toujours judicieux. Le traitement sublime des ombres et les lumières révèle la patte de Guarnido qui s'avère toujours aussi fascinant à contempler.
Reste que l'intrigue, en dépit de moments d'émotions puissants, ne ionne pas comme ont pu le faire les opus précédents. C'est une histoire certes tragique, faite d'amour, de trahison, de poésie mais pas vraiment bouleversante. En outre, trop de ages sont tirés par les cheveux. A vouloir trop partir développer divers fils narratifs, le scénario se perd un peu en chemin et l’acrobatie finale pour régler tout cela apparaît trop grossière. Enfin, Blacksad se promène ici en simple spectateur du récit et l'on ne découvre guère de nouveauté sur sa personnalité. C'est bien dommage pour un personnage si "punchy" par le é.
Cet album qu'on aurait pu rêver d'or se révèle d'un métal légèrement moins noble. Ne me faites cependant pas dire ce que je n'ai pas affirmé, ce titre demeurant toutefois d'une belle qualité, principalement grâce à ses coloris.