The Miles Davis Quintet – Workin' With The Miles Davis Quintet – (1959)
Retour vers le fameux Miles Davis Quintet et ses deux sessions qui donnèrent naissance à cette fameuse quadrilogie dont voici le troisième volet, « Workin’ », avec Miles à la trompette, Coltrane au sax ténor, Red Garland au piano, Paul Chambers à la contrebasse et Philly Joe Jones à la batterie. Le bon sens voudrait qu’il y ait un fléchissement, un moment faible, moins parfait, mais il n’en est rien, bien au contraire, au milieu de tous ces tirages « Columbia » qui sortent et émerveillent, et bien les vieux « Prestige » ent la comparaison et tiennent bien le coup, malgré qu’ils aient été enregistrés en cinquante-six…
La première pièce, « It Never Entered My Mind » enregistrée sans Coltrane, est une pièce lente, extraordinaire, qui révèle un Miles à son zénith, du niveau de « My Funny Valentine » ou « You're My Everything », sur les deux albums précédents, on ressent à l’écoute de ces pièces toute la magie de Miles, son immense savoir-faire et l’étendue de son talent, par la recherche de la sonorité, la pureté de son solo, tout à l’économie, ne jouant que le nécessaire et ajoutant au bon moment les commentaires judicieux et infaillibles, un titre pourvoyeur d’émotions…
Il y a également, sur ce troisième volume, trois pièces qui deviendront des incontournables lors des concerts, « Four » tout d’abord, nerveuse et vive, « The Theme » ici dans deux versions différentes, qui perdurera dans le répertoire au fil des décennies qui s’écouleront, comme une sorte de « My Favourite Things » pour Coltrane, j’évoque uniquement le côté obsessionnel à ce stade, n’allant pas plus loin.
Justement, Coltrane y participe avec ses solos apportant sa couleur, « In Your Own Sweet Way » de Dave Brubeck est la toute première pièce enregistrée en cinquante-six, qui attendait patiemment sa parution. « Trane's Blues » est le premier titre de Coltrane joué par le quintet, il s’y montre percutant et habile, à sa suite arrive l’excellent « Ahmad's Blues » du pianiste Ahmad Jamal qui tient haut la tension puis, le remarquable « Half Nelson » de Miles qui est également un sommet.
Pour finir, une seconde version de « The Theme », à nouveau très et trop courte, dont on ressent le potentiel qu’elle recèle par son ouverture vers tous les possibles … Pour beaucoup ce troisième volume est le plus réussi, même si les avis ne sont pas forcément tranchés et que d’autres butineront ailleurs, mais une chose est sûre c’est que Miles « bosse » ici…