Jessica 93 est un one-man-band français qui mélange de la cold wave, du post-punk, du shoegaze et plein d’autres styles aux noms barbares dont la signification est aussi vague qu’inutile, au risque de er pour un étiqueteur de bas étage incapable de prendre la musique en tant que tel sale enfoiré de rédacteur meurs dans un feu. Disons plutôt, pour généraliser, que c’est froid, que y a une boite à rythme et une jolie pochette violette pleine de sens. Ça augure déjà pas mal de trucs sympas. Who Cares? est son premier album, sorti sur trois labels français, MusicFearSatan, Teenage Menopause Records, Et mon cul, c’est du Tofu ?
La première chose qu’on remarque dans cet album, c’est la production bourrée de reverb qui entoure cet album. Ça sonne froid, littéralement. Les 6 morceaux sont structurés par une boite à rythmes dure sur laquelle jouent une guitare ou une basse, l’une ou l’autre bouclée par une machine. Elles jouent des riffs noirs, sales, qui puent les allées sombres et la ville poisseuse.. A fur et à mesure que les morceaux ent, c’est presque la bande son d’un film noir moderne qui se tisse dans cet album. A grand renfort de poursuites policières et de crack.
Jessica 93 arrive vraiment à mélanger et synthétiser parfaitement les différentes approches de la noirceur musicale actuelle. Y a du rock là dedans, mais pas mal de cold wave ou de post-punk noise à grand renfort de grosse basse métallique, un peu comme sur les premiers albums de Swans. Cette lourdeur se traduit bien dans Sweet Dreams, aux accents de Doom Metal agresso/dépressif.
Niveau voix, Jessica 93 oscille entre des paroles en français et en anglais. Je erai déjà sur le fait que le mec a les couilles de chanter en français, ce qui est déjà un exploit en soi, sur Junk Food et French to the Bones notamment. Mais finalement, plus que les paroles, c’est surtout le ton du chant du mec qui est à prendre en compte, et qui colle parfaitement à l’ambiance générale de cet album, un mélange entre le vice, la blase, avec un aspect aérien porté par la tonne de delay et de reverb, notamment sur des morceaux comme Away, qui défonce totalement sa race azy.
Mon morceau préféré dans cet album est Poison, et ce pour des raisons assez précises. C’est un des morceaux où le riff est le plus appuyé, avec une ligne de basse légèrement empruntée à Joy Division pour en tirer le suc le plus essentiel. Plus généralement, ce morceau dégage une ambiance de fuite, comme pour une course poursuite, ou une baston entre deux gangs rivaux, y a beaucoup de choses qui se dégagent de ce morceau. Et on peut généraliser ça à tous les morceaux de cet album, qui n’a vraiment pas de temps morts, et qui a une homogénéité claire sans être pour autant redondant ou répétitif.
Clairement, Jessica 93 a frappé un grand coup pour ce premier album. Le mec arrive, tout seul, à créer un univers et une intensité dans son album que beaucoup ont du mal à appréhender. C’est atmosphérique comme du shoegaze mais en même temps, ça tamponne et ça frappe comme un album de post-punk. Et réussir un tel tour de force sur un premier album, ça fait plaisir. C’est un album à l’ambiance lourde et pesante, mais au final totalement jouissive. Merci Geoff.