Fauve n'est pas encore à fond
J’attendais avec impatience le dernier album de Fauve, et je dois avouer que je suis un peu partagé.
Pour mon plus grand plaisir, Fauve renoue avec la créativité, l’énergie et la fraîcheur de "blizzard" et "nuits fauves" avec d’excellents titres : Infirmière, Vieux Frères, Lettre à Zoé (un petit côté "magique" de l’enfance, très bien réussi par le groupe) et Loterie, qui sont incontestablement des chefs d’œuvre du groupe.
D’autres titres très corrects ("Jeunesse Talking Blues" avec ses très bonnes paroles, "Tunnel", où on est content de retrouver la voix de la chanteuse de "Nuits Fauves", "De Ceux" qui a une bonne instru, grand atout de Fauve) ajoutent un peu de consistance à l’album.
Mais le reste se divise entre remplissage ("Rag #3" qui annonce "Vieux Frères" en reprenant un peu l’instru de "St-Anne") et déceptions : "Requin-Tigre" qui malgré sa bonne instru souffre de cette manie du groupe de mettre des voix trafiquées inables qui racontent des inepties sur le ton du écoutez-tout-le-monde-je-parle-de-moi assez agaçant, procédé qu’on retrouve malheureusement sur "Rag#4" (avec un accent des cités absolument dégueulasse en prime) et la fin de "De ceux". De même, le très bon morceau "Voyou" qui était diffusé avant la sortie de l’album a été modifié entre temps, et on retrouve dessus un rappeur sans talent qui gâche le morceau.
Mise à part ces petites déceptions, l’album est un peu court (40 min, c’est peu) et ne fait que 11 morceaux dont 2 petites transitions. Certains diront que Fauve se ressemble trop, se répète trop, ne se renouvelle pas. C’est vrai et faux. Fauve a produit de très belles perles et a montré qu’il était possible de reproduire la qualité de Blizzard et Nuits Fauves, sans les copier. Si les morceaux de Fauve se ressemblent entre eux, c’est qu’ils ne ressemblent à aucun autre. Mais d’un autre côté, il est vrai que les thèmes abordés et les mélodies/instru gagneraient à se diversifier un peu plus tout en gardant en unité, à l’instar de Damien Saez qui renouvelle son style à chaque album, tout en gardant un esprit caractéristique à chaque fois (à l’exception de l’album Miami).
D’autres diront de Fauve qu’ils font dans le "pathos" pour attirer les baltringues. C’est aussi faux.
Fauve fait de la philosophie sur la condition humaine, sur l’absence d’horizon d’espérance dans la société moderne, sans rejeter la faute sur qui que ce soit. Fauve est dans une certaine mesure le prolongement de Benjamin Biolay, et un peu Saez dans sa dimension romantique, mais doit maintenant gagner en régularité et se renouveler un peu plus pour gagner en importance.