Jadis, sur une île née des fractures terriennes, errait, seule et paisible, l’entité chtonienne maîtresse des lieux, dans des vallées enneigées, sur des terres arides et brûlées, le long de ruisseaux aux eaux cristallines, dans un désert de glace et de feu ou au cœur de sombres forêts de bouleaux lorsque, venus d’on ne sait où, débarquèrent, de navires ornés de têtes cauchemardesques, des créatures vociférantes, qui à coup de haches, à coup de labours perturbèrent ces terres qu’on eût pu croire inhospitalières mais où ces êtres braillards procréèrent, irritant par leur présence destructrice celle qui jusqu’alors régnait mais que tous ignoraient.
Durant des siècles et des siècles, elle rumina son effroyable vengeance, mais nulle idée ne jaillissait de son esprit enfiévré, jusqu’au jour où elle perçut des vocalisations hachées et parfois stridentes née d’une jeune fille devant laquelle se courbaient, extatiques, quelques critiques, esthètes à n’en pas douter. Alors de son esprit facétieux et un brin pervers d’essence originelle de ces landes battues par les vents vint la lumière…
Aussi influa-t-elle sur les pensées créatrices de cette musicienne, l’amenant à des créations vocales, parfois plus ânonnées que chantées, parsemées d’accompagnements instrumentaux minimalistes… exploitant la richesse du registre de cette musicienne, qui, il faut l’ettre, joue de sa voix avec une certaine maestria, mais où ce jeu s’accompagne d’une grande lassitude… et où les compositions parfois se font, ô infinie surprise, mélodieuses et un rien envoûtantes… mais qui, sournoisement, débranchent un à un les neurones et amènent à une léthargie teintée d’ennui… avec des petits effets musicaux assaillant le peu de conscience encore éveillée…
En plus bref…
Vu de l’entité : "Prenez-vous ça dans les oreilles… Que votre souf soit !"
Vu de mon canapé : "Putain, je me fais chier… la vie est donc si horrible !"