Il y a des albums qui ne cherchent pas à plaire à tout prix, mais qui imposent leur univers avec une assurance presque insolente. "TOY", premier disque éponyme du groupe londonien sorti en 2012, fait clairement partie de ceux-là.
Dès les premières notes, on comprend que ce voyage sonore ne sera pas de tout repos. On est plongé dans une ambiance dense, saturée d’effets, entre shoegaze, krautrock et rock psyché. Et malgré ses imperfections, cet album a su me séduire suffisamment pour mériter un 7.5/10. Voici pourquoi.
TOY n’est pas un groupe qui s’excuse. Ils balancent leurs morceaux comme on plante un drapeau : fort, net, assumé. Entre les guitares vaporeuses à la My Bloody Valentine, les beats répétitifs façon Neu! et une basse qui fait office de colonne vertébrale, chaque titre semble vouloir nous emporter dans sa propre spirale.
Colours Running Out ou encore Motoring sont de vrais vortex sonores — et j’avoue avoir été happé par cette énergie brute, presque magnétique.
Cela dit, tout n’est pas parfaitement huilé. On sent que le groupe se cherche encore, que certaines structures s’étirent parfois un peu trop. Il y a des longueurs, quelques baisses de tension, et des titres qui tournent un peu en rond sans vraiment trouver leur conclusion. Mais c’est justement cette instabilité qui rend le projet attachant. C’est un premier album qui respire la fougue et l’envie d’exister, même s’il vacille par moments.
Tom Dougall ne cherche pas à voler la vedette. Sa voix se pose en arrière-plan, plus comme une texture que comme un vecteur d’émotion brute. Ce choix peut surprendre, mais il fonctionne ici : dans un univers sonore aussi chargé, un chant plus expressif aurait sans doute cassé l’équilibre. On est dans l’immersion, pas dans la démonstration.
En sortant de l’écoute, je ne me suis pas senti bouleversé, mais intrigué, curieux, presque stimulé. "TOY" n’est pas un album parfait, mais il a une vraie personnalité, une ambiance forte, et surtout cette impression rare qu’il y a encore beaucoup à venir. On sent que le groupe a encore du chemin à parcourir, mais les bases sont là — solides, vibrantes, vivantes.