The River
7.7
The River

Album de Bruce Springsteen (1980)

Le monde est un paradoxe

Premier et unique double album du Boss, The River ne fait que confirmer la Bossmania après les succès de Born to Run. Il continue de parcourir le monde et les États-Unis avec un E. Street Band qui se stabilise depuis quelques années, évoquant l'Amérique des paumés dans son style unique qu'il aura façonné de manière brillante jusque-là.


Si Darkness on the Edge of Town plus sombre, The River n'a pas vraiment de tons et d'ambiances bien définis, on retrouve plutôt un Boss faisant le bilan de son début de carrière et évoquer tout ce qu'il a été jusque-là. Un peu plus tard dans une interview, il dira que "Le monde est un paradoxe" et son disque en est représentatif, il y a tout dans ce monde, comme dans The River, aussi bien des chansons joyeuses que sombres, mélancoliques ou dansantes, du rock, de la country ou du rythmn 'n' blues et différents types d'instruments. Il n'y a pas de mots d'ordre, il reprend même quelques chutes des sessions de ses précédents albums et des titres testés en live par le é, mais livre tout de même un disque cohérent, toujours dans son style bien à lui.


D'abord prévu pour être un disque simple (appelé The Ties That Bind) avec dix titres, dont trois qui ne seront même plus sur l'album au final, The River sera un immense succès pour le Boss, et mérité d'ailleurs. Si j'ai une préférence pour les albums précédents, il n'en reste pas moins remarquable où lui et son E. Street Band sont inspirés, en osmose et arrive à er d'un ton à l'autre sans en bousculer l'équilibre. Il livre là quelques-uns de ses sommets comme la déchirante chanson-titre, une ballade magnifique et magistrale où il évoque la découverte de la misère et du chômage par un jeune homme. Tout est parfait dans cette chanson, l'harmonica, l'arrivée de l'orgue, la voix du Boss, le rythme et surtout l'émotion. En plus de celle-ci, la mélancolique Point Blank, les rocks Jackson Page et Cadillac Ranch ou encore la longue, envoutante et triste Drive All Night, sont aussi sincères que grandioses, montrant un Springsteen en totale alchimie avec son groupe, sachant faire ressortir l'émotion de ses chansons sans tomber dans la mièvrerie et donner de vraies dimensions puissantes, parfois mélancolique ou au contraire dansante, enjouée et bien rock 'n' roll.


Pourtant tout n'est pas parfait, on peut tout de même regretter quelques chansons un peu trop convenue, voire même faciles, jamais mauvaises mais tout juste correctes, à l'image du très springsteenien The Ties That Bling, le légèrement pompeux I Wanna Marry You ou encore les deux rocks I'am a Rocker et Crush on You. Rien de bien grave non plus, l'album reste remarquable, avec un E. Street Band bien souvent inspiré, notamment Danny Federici aux claviers et Steve Van Zandt à la guitare. L'osmose est bonne, la rythmique efficace à l'image d'un Ramrod parfaitement orchestré, d'un très beau Independence Day, que Springsteen a écrite pour son père, d'une légère et dansante Sherry Darling ou encore du mélancolique Fade Away, des chansons, comme d'autres, participant pleinement à l'ambiance générale. Il y a, à nouveau, cette sensation, à l'écoute de The River, de marcher au coeur d'une Amérique paumée où l'on se raccroche parfois à peu de choses, que le natif du New Jersey sublime à chaque instant, avec une vraie sincérité, et un groupe l'accompagnant magistralement.


Le Boss nous invite ici à un long voyage dans son monde, sa vision de l'Amérique et de ses représentants avec talent, ion et sincérité. Parfois légèrement inégal, The River n'en reste pas moins un album remarquable, tour à tour émouvant, dansant ou mélancolique avec un Springsteen inspiré et en osmose totale avec son E. Street Band. Ce sera un immense succès pour lui, et c'est en direction du Nebraska qu'il continuera sa route par la suite.

8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs albums des années 1980

Créée

le 26 oct. 2015

Critique lue 1.2K fois

30 j'aime

5 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

30
5

D'autres avis sur The River

But I us riding in my brother's car, her body tan and wet down at the reservoir

'Heeeaaarrt and sooouuulll', combien d'Américaines sont tombées amoureuses du encore jeune Bruce Springsteen lorsqu'il chantait ce refrain issu d'un des titres phares de The River, en l'occurence...

le 27 nov. 2014

7 j'aime

3

Juke-Boss

J'ai attrapé le virus Springsteen au début des années 2000, avec le monstrueux The Rising. J'ai commencé à le suivre fidèlement à partir de ce moment-là, remontant peu à peu le fil de ses précédents...

le 24 août 2020

6 j'aime

Critique de The River par Jerry OX

Ce sublime double album du Boss paru le 17 octobre 1980 , son cinquième album pour etre exact .Une pure merveille à posséder dans toute discothèque qui se respecte .Cette année là Springsteen arrive...

Par

le 17 juil. 2014

2 j'aime

2

Du même critique

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble acc Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

173 j'aime

35

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

166 j'aime

53

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

154 j'aime

34