La lionne coincée entre tradition et modernité. Et son chant doux-amer essentiel pour certains. Ses mélodies jamais flamboyantes, mais toujours lourdes de sens. Du rock pur et dur, plongé dans de la pop expérimentale. Ça sonne rock, avec du venin dedans.
Une voix, unique en son genre. Un chant qui ressemble à du Cri. C’est Sinead dans ses œuvres, et son premier bébé. Ça va aller crescendo dans le paranormal. Comme un enfantement assisté par le chœur strident de la fée électrique. Jackie...
…qui meurt. Pour laisser place à l’expansif Madinka. Le plus dansant, le plus gai, le plus joyeux morceau de l’album. Parfait tube alternatif. Avec cette fille enragée, le claquement des guitares acoustiques, le tout en deux temps, comme une marche virile…Génial. J’ai adoré ce morceau dès le premier jour. Puissant mélange de plein de choses, de grâces mêlées. Madinka. Et Jerusalem. Titre évocateur, ambiance New wave, un peu hard, dureté du riff. Et la voix, toute aussi rêche, posée doucement comme de la toile émeri. On croirait entendre une future star de la pop. Avec tous ces sons de basses, électro, mais pas trop, et un sentiment de malaise, d’instabilité. Est-ce du rock idéologique ? Sans en avoir l’air, la demoiselle ne serait-elle pas en train de nous faire un prêche ? Au cas où vous ne le sauriez-pas, le titre de l’album est une référence directe à un psaume biblique. Et le reste tend vers le mystérieux, la posture, l’intime et le religieux, ou le rite païen, des rythmes assez profanes quand même. On ne sait.
Ça peut faire penser à du chant prosaïque, et à une punk qui a trouvée la foi. Jerusalem ( ?) Oui, mais en power chords. Puissant. Ballade consciente d’elle-même. Avec une batterie qui tranche comme une lame de rasoir. Puis une valse ? Just Like You Said It Would Be. Just like U Said It Would b. Qui balance, une ballade irlandaise comme on les aime tant. Avec la voix qui écrase le groove, assis sur le mix. Emotion, et capacité à déclencher des harmoniques atomiques, même quand le tempo est slow. Voilà Sinead qui débarque surla planète Rock.
Á partir de Never Get Old, on aborde un autre chapitre. D’autres rives. Moins de séduction, moins de « danse ». Pédale. Note tenue. Et psalmodie. En Gaélique. Avec la « grande » sœur venue donner un coup de main : Enya. Elle dit un texte sacré. Le psaume 91, verset 13. The lion, the dragon, the…Et soudain ça… ÉCLATE !! Sa voix d’ange écorchée qui crache ! UN cri. Un sacré CRI….Entre mystère, et ligne-cliché calme/tempête. Rock attitude, encore. Et ce cri sonne comme l’affirmation de quelque chose d’autre. Et quand on pense à son âge à l’époque, cette nana de (vingt ans), a un sacré talent, et du culot à revendre, plus une identité vocale très affirmée. C’est une caresse, qui écrase comme un poing sur la table, et rentre dans ta chair. Et les violons. Troy, entre en scène. Troy. Posé, fragile, silence, et suspense. Définitivement hors des sentiers battus. Ce n’est plus de la pop comme on aime en entendre. Quand ça tape, ça tape trop fort. Et quand elle crie, elle chante quand même, c’est dans le cri. Entre tradition, chant, et modernité. Brutale. Incarnée dans le mouvement lancinant des violons, comme une provocation. Ils sont trop doux, et l’histoire trop dure. Troy.
I Want Your (hands on me). Retour sur terre. Dance. Le tube pop parfaitement années 80, avec les machines, et le refrain répétitif. Ça sonne clinique, propre. Il y a de la nervosité des arrangements, récurrents sur tous l’album, soi-disant en ant. Ils nous rappellent qu’on est toujours dans : The Lion And the…Cobra. Drink Before The War. De quel amour parle-t’elle. Drink Before The War. Amour physique, ou plus élevé? Mystère. Slow. Orgue. Et cette tendance à monter naturellement (tout le temps), dans les aigües (trop, ça devient vite cliché). Un changement d’ambiance déconcertant, morceau après morceau. Album un peu hétérogène, les années 80. Et quand son rock se bourrine un petit peu, à force de nous cogner dessus, la pop revient, et reprend ses droits.
Un éclectisme qui pourrait énerver les oreilles les plus chastes. J’ai du m’y prendre à plusieurs fois. Á chaque fois, je perdais le fil. Mais il n’y a rien à comprendre. Quand on a 20 ans, et du talent à revendre, on donne tout ce qu’on a, comme si demain était un autre jour.
Et ça finit en douceur, Just Call Me Joe. Doux, dur, abrasif, et irlandais. Avis aux amateurs. En tout cas, pas de doute. Elle est habitée par quelque chose. On saura bientôt par quoi. La foi.