The Electric Lady
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The Electric Lady

Album de Janelle Monáe (2013)

Des collaborations qui élèvent, jamais qui écrasent

L’une des grandes réussites de The Electric Lady réside dans le soin apporté à ses collaborations. Loin d’être de simples coups marketing, les artistes invités ne sont pas là pour faire joli : chacun·e apporte une couleur, une énergie, un pan de culture musicale qui s’intègre parfaitement dans l’univers que Monáe construit.


"Q.U.E.E.N." feat. Erykah Badu en est sans doute l'exemple le plus emblématique. Cette rencontre entre deux icônes afro-futuristes crée une alchimie étincelante : Monáe mène la danse avec une prestance funky, pendant que Badu, presque en contrepoint, apporte une nonchalance souveraine, comme une voix ancestrale venue du futur. C’est un morceau de résistance, d’affirmation identitaire et de liberté stylistique, porté par un groove irrésistible.


Sur "Primetime" feat. Miguel, Monáe révèle une facette plus douce et vulnérable. Le duo fonctionne à merveille : Miguel incarne la tendresse masculine sans machisme, tandis que Monáe explore une sensualité tout en retenue, loin de l’imagerie hypersexualisée souvent associée au R&B. Cette chanson d’amour suspendue dans le temps est d’une sincérité rare, et prouve que Monáe excelle aussi dans les registres plus intimistes.


La présence de Prince sur "Givin Em What They Love" est presque mythique. Non seulement par le prestige de l’invité, mais surtout par la manière dont les deux artistes fusionnent leurs univers. Prince, dont on sent clairement l’influence sur toute la carrière de Monáe, ne prend jamais le dessus. Au contraire, il agit comme un eur, un mentor complice qui l'encourage à briller à sa manière. Ce morceau a des airs de transmission générationnelle, entre deux êtres hors normes, deux électrons libres qui parlent le même langage.


Enfin, Esperanza Spalding sur "Dorothy Dandridge Eyes" apporte une touche de jazz élégante et raffinée. C’est une chanson hommage, presque cinématographique, et la contrebasse fluide de Spalding s’insère avec grâce dans le décor rétro-futuriste de l’album. Une collaboration peut-être plus discrète, mais d’une grande finesse.


Les featurings de The Electric Lady ne sont pas des parenthèses : ils sont des piliers, des erelles entre les styles, les générations et les sensibilités. Chacun d’eux donne de la profondeur à l’album, tout en révélant une autre facette de Janelle Monáe. Ils participent pleinement à cette impression que l’album est une œuvre collective, un manifeste d’unité dans la diversité — musicale, culturelle, émotionnelle.

8
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le 10 avr. 2025

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CriticMaster

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