« Is it that sweet ? » I guess so effectivement, car l’album demeure aussi doux à l’oreille que l’on l’écoute en hiver comme en été. Sabrina Carpenter se devait bien de tenter de tirer profit de son succès « Espresso », tube de l’été 2024, avec un album aussi rafraîchissant que son lead-single. Une telle audience était une occasion rêvée pour cette jeune Américaine dont Short n’ sweet est tout de même le… 6e album ! En réalité, si sa carrière était jusque-là confidentielle en , miss Carpenter est une figure bien connue du public américain depuis les années 2010 notamment grâce à Disney et la sitcom Le Monde de Riley. De sa discographie, seules quelques chansons ont eu un écho en Europe – je l’ai pour ma part découverte avec le groovy « Let me move you » en 2021.
Il aura donc fallu attendre 2024 pour qu’elle accède à une notoriété internationale grâce à « Espresso » qui a rythmé de nombreuses playlists pendant l’été. Sabrina peut également remercier Taylor Swift qui a fait décoller à nouveau sa popularité en lui permettant d’assurer la première partie de certains de ses concerts pendant son prolifique Eras Tour. Une rampe de lancement favorable pour l’album Short n’ sweet paru au mois d’août et qui tente de conserver un univers plutôt estival et agréable à l’oreille. L’image de Sabrina Carpenter s’affine avec un look de pin-up (en on pense à Brigitte Bardot) en tenues vaporeuses, corsets, porte-jarretelles et autres lingeries. Une image à la fois sexy et rétro alliée avec un ton mordant dans l’écriture, comme en attestent plusieurs des chansons…
La première piste est un bon exemple de ce côté pince-sans-rire : « Taste ». Sabrina s’adresse ici à l’actuelle petite-amie de son ex en lui précisant combien elle a compté dans l’évolution de ce garçon notamment dans son humour ou sa manière d’embrasser. La phrase « I know I’ve been known to share » fait référence à deux relations de la chanteuse avec des garçons qui étaient déjà en couple… et pas n’importe qui : Joshua Bassett qui était avec Olivia Rodrigo, puis le chanteur Shawn Mendes qui était avec Camila Cabello ! Dans le clip un peu gore, Sabrina et Jenna Ortega se disputent un même garçon et se tuent mutuellement, sans y arriver pour de bon. Une chanson davantage Pop-rock que la suivante qui est « Please, please, please ». Un second single qui n’est pas à la hauteur des deux autres selon moi mais qui donnait le ton de certaines chansons de l’album dont les paroles sont finalement plus intéressantes que leur musique tranquille. Le clip-vidéo montre une Sabrina en couple gangster qui sort de prison au début, ce qui en fait la suite du clip de « Espresso » où la police venait l’arrêter.
La jolie blonde serait-elle une main de fer dans un gant de velours ? Il semblerait que la réponse soit « oui », une impression que vient alimenter « Good graces ». Pour qui la courtise, tout va bien jusqu’au premier faux-pas qui fera alors naître une rancœur tenace transformant l’ange en démon. Une chanson qui fait un peu penser à Ariana Grande pour le chant et la musique. Enchaînement pas si illogique avec « Sharpest tool » où Sabrina s’adresse à un garçon qui ne lui donne plus de nouvelles depuis qu’ils ont é une nuit d’amour : peut-être lui a-t-elle fait peur avec ses menaces ! Amertume et second-degré font ensuite la paire dans « Coincidence » qui ironise la double-vie que mène un garçon pas vraiment honnête. Niveau musique cette chanson m’évoque un peu « Gabrielle » de notre Johnny (inter)national, en moins rock.
Puis le niveau retombe avec « Bed chem » qui parle d’alchimie dans une relation intime mais à laquelle je n’accroche pas. Contraste donc lorsque arrive « Espresso », titre et clip-vidéo à la fois caféinés et estivaux parfaitement calibrés aux playlists de l’été. Il s’agit d’un premier gros succès pour miss Carpenter qui atteint le podium des meilleures ventes musicales hebdomadaires dans plusieurs pays dont la 1re place aux États-Unis, en Australie ou au Royaume-Uni. L’ambiance devient plus sombre et dépouillée sur « Dumb and poetic » qui fait office de chanson la plus triste de l’album. La mélancolie s’efface avec l’ambiance un peu western de « Slim pickins » même si Sabrina semble pessimiste concernant son avenir amoureux, sans que cela ne soit toutefois dénué d’humour : « Guess I’ll end this life alone », « The good ones are deceased or taken », « I’ll just keep on moaning and bitchin’ ». Celle-ci non plus je n’aime pas trop l’écouter…
… ce qui n’est pas le cas de la piste suivante qui est « Juno », chanson rythmée et perle parmi les non-singles. Sabrina tombe ici sous le charme d’un garçon qui attise chez elle une pulsion physique pour ne pas dire libidineuse, et c’est l’auditeur qui fond :-) « Lie to girls » apparaît ensuite bien plus morose et n’est pas sans rappeler le travail de Taylor Swift que ce soit dans le thème abordé (« l’amour rend aveugle snif snif »), la musique mais aussi la façon de chanter et le travail de la voix. « Don’t smile » propose de finir l’album de base sur une note plus légère avec sa Pop lancinante quoique maussade.
Mais Sabrina Carpenter et son équipe ont réservé une agréable surprise aux auditeurs grâce à la réédition de l’album, Short n’ sweet Deluxe, qui agrémente l’album de base avec quelques pistes supplémentaires le 14 février 2025, ce qui en fait un joli cadeau de Saint-Valentin pour ses fans. La première est l’espiègle « 15 minutes » qui donne envie de se trémousser sur des accents rétro. La piste suivante n’est qu’à moitié inédite puisqu’il s’agit de la reprise de « Please, please, please » avec Dolly Parton, un duo inattendu mais tout à fait cohérent. « Couldn’t make it any harder » est une ballade folk plutôt sympathique, avant une « Busy woman » de caractère qui aurait été bienvenue sur l’album originel. « Bad reviews » vient clore le tout sur des accents western-folk plutôt enjoués pour accompagner la déclaration que fait Sabrina à son chéri en écoutant son cœur et faisant fi des obstacles et jugements. C’est beau.
Sabrina Carpenter assume tout à fait que les compositions dans son Short n’ sweet peuvent puiser leur inspiration dans le travail d’autres artistes notoires : on songe à Taylor Swift (« Lie to girls » par exemple), Dolly Parton (« Slim pickins ») ou encore Ariana Grande (« Good graces » et des envolées de voix ailleurs). Du coup l’auditeur a du mal à percevoir une patte propre à Sabrina, d’autant que certaines chansons sont assez oubliables sur le plan musical. Là où la jolie blonde se démarque selon moi c’est dans ses paroles, sa façon d’écrire parfois amusante avec du second-degré ou des allusions coquines. Ainsi l’album ne ressemble pas tellement à « Espresso » dans ses sonorités et n’est finalement pas un album de Pop mémorable. Il n’empêche que ce bien-nommé Short n’ sweet est parvenu à culminer au sommet de plusieurs classements de ventes hebdomadaires d’albums, comme ce fut le cas en .