The Deepest Slayer's Season
1986, 1988, 1990 sont les trois années dorées dans la discographie de Slayer. Après Reign in Blood et South of Heaven, voici qu'ils nous pondent une autre tuerie en cette année de grâce 1990 ! Année magique qui a vu se succéder des albums qui resteront au panthéon du thrash/heavy tels que Rust in Peace, Painkiller, Never, Neverland, Coma of Souls, By Inheritance et Cowboys From Hell.
Seasons in the Abyss; le meilleur album studio de Slayer. Aucune hésitation là-dessus. Le plus abouti de toute leur production, un opus moins excité et énervé que ses prédécesseurs, des chansons finement menées et une diversité des compositions jusque-là pas encore vue chez les californiens de Slayer. Je pense par exemple à Dead Skin Mask. Un titre qui ne cite personne mais les paroles sont flippantes quand on connaît l'histoire de Ed Gein, qui est au age un nécrophile. Allez donc voir sa biographie ça va vous filer les chocottes. Le titre de la chanson se suffit à lui-même pour piger de quoi il s'agit en substance.
Skeletons of Society a également une place de choix dans cet album. Un titre pas du tout thrash en comparaison du reste, mais plutôt un hybride de groove/thrash avec une rythmique relativement lente. Un morceau qui, avec War Ensemble, Expendable Youth et Dead Skin Mask sont les points qui ressortent d'un ensemble excellent à la base.
Ça va très vite pendant le trajet des 10 morceaux, mais pour du Slayer c'est lent. J'entends par-là que c'est un savant mélange de up et mid-tempos. Tantôt ils nous entraînent sur les chemins du thrash puissant et échevelé qui les caractérise (War Ensemble, Born of Fire), tantôt ils calment le jeu (Blood Red, Spirit in Black, Expendable Youth et Dead Skin Mask). C'est là aussi l'évolution slayerienne millésime 1990, on ne bourrine plus à tout-va comme des damnés, mais on fluctue ça-et-là entre un thrash maison et un espèce de consensus 'crossover', comme dirait l'autre. On varie les plaisirs et finalement on accouche DU chef d'oeuvre du groupe. Ni plus ni moins.
L'album se termine avec une chanson éponyme au bien nommé titre Seasons in the Abyss.
Une descente dans les profondeurs sans remontée possible. Pris mais pas à rendre. Oui, cet ultime morceau vient parachever tout ce qui a été dit plus haut; à savoir ni faille (sans mauvais jeu de mots) ni point faible. Une mayonnaise qui a pris dès l'entame. Un War Ensemble qui fait croire à l'auditeur qu'il va vivre l'enfer pendant 45 minutes mais il n'en est rien. La cuvée 1990 de Slayer est un cru exceptionnel. Que dis-je, une référence ! Il vous emmène loin dans la folie puis redescend sur terre comme si de rien n'était. Sans forcer.
SITA est la fine fleur de la bande à Araya, son empreinte majeure, sa signature finale sur l'autel de leur discographie.
Ecouter Seasons in the Abyss et/puis mourir.