Je me souviendrai toujours de cet album compilation qui traînait au milieu des piles d'albums et de DVD empilés par terre - je devais avoir 8 ans, et les piles avaient ma taille. Je me souviendrai toujours du moment où, de mes petites mains, je l'ai pioché au hasard, et où les premières notes du premier morceau - La groupie du pianiste - ont retenti dans mon vieux lecteur de CD.
Quel choc.
Michel Berger était un artiste hors pair : un parolier exceptionnel, un excellent pianiste avec un sens du rythme incroyable, et (presque) chacune de ses chansons est un chef-d'œuvre. Toujours aujourd'hui, certaines de ses chansons sont des références que ce soit en terme de culture populaire aussi bien qu'en terme de musicologie : j'ai fait un an en fac de musicologie, et je dois vous avouer que j'ai été agréablement surpris lorsque le professeur nous avait annoncé qu'à un moment dans l'année nous allions analyser La groupie du pianiste.
Même après toutes ces années, ses compositions continuent de déchaîner les ions : j'ai plusieurs amis qui sont fous de certaines de ses chansons (sans même que je leur aie parlé de ma ion pour Michel Berger), comme La groupie du pianiste, Quelques mots d'amour, Voyou, La fille au sax ou Les princes des villes (ma préférée quand j'étais petit). Il y a quelque chose dans son jeu et dans sa voix qui touche, émeut et transporte tout un chacun : que ce soit lorsqu'il accompagne Gall pour chanter "Résiste, prouve que tu existes !" ou pour chanter "Je veux chanter pour ceux qui sont loin de chez eux, et qui ont dans leurs yeux quelque chose qui fait mal" : il arrive à parler directement à nos cœurs, à nous emmener loin dans son monde, dans sa musique - un peu comme cette fameuse groupie qui oublie son existence en l'écoutant ; et quand il parle du souffle de son frère qui dort dans Pour me comprendre (le morceau), on arriverait presque à le sentir...
Michel Berger, c'est un artiste qui m'accompagne à tous moments, dans les moments les plus euphoriques comme dans mes dépressions les plus intenses. Ses chansons sont tellement humaines et proches de nous qu'il est impossible de ne rien éprouver face à aux chef-d'œuvres de cet homme à l'air si vulnérable devant son piano qui danse - et l'entraîne vers nous. En ce moment, par exemple, j'écoute en boucle Mon piano danse, et alors même qu'il est au ciel depuis longtemps, Michel Berger arrive à me rendre heureux au milieu de cette période infernale. Et ça, c'est la marque des artistes d'exception. Je regrette de ne pas l'avoir connu vivant, mais mon dieu, c'est beau de voir que sa musique résonne toujours aux oreilles de tous.
C'est beau de voir la beauté perdurer. Et merci, Michel Berger, de l'avoir amenée dans notre monde.