Chronique complète sur sonnequipeut.com
MUSIC n’ambitionne pas le chamboulement, l’album se veut être une célébration et réinterprétation d’une scène et d’une époque, celle de la trap d’Atlanta des années 2010, et ses figures comme Lil Wayne, Young Thug, Waka Flocka Flame ou encore Future. (...)
Mais est-ce bien suffisant, au fond ? En s’auto-proclamant maître des tendances, figure emblématique du hip hop actuel, adoubé par ses pairs (The Weeknd, Kendrick Lamar, Travis Scott), Playboi Carti décide de se complaire dans sa situation. Un problème quand, une autre influence majeure, celle de Kanye West, plane sur le modus operandi de l’intéressé, prêt à saccager les précédentes versions de certains titres et à rendre une copie brouillonne sans justification apparente (cette intro inutile sur EVIL J0RDAN, ou la transition avortée POP OUT / EVIL J0RDAN). (...)
Attention, MUSIC n’est pas un mauvais album. Malgré ses quelques excroissances, l’ensemble tient solidement la route, et n’en reste pas moins supérieur à toute forme de concurrence sur ce créneau rage rap qui a ses nombreux adeptes. Car c’est aussi pour ça qu’on aime Carti, son too much permanent, de la tracklist overdose, à ses prods saturées, ses basses qui donnent la migraine, et ses ad libs inintelligibles. Ce trop plein expérimental qui nous a fait tomber amoureux en premier lieu, et qui a permis de faire voler en éclat une scène rap ronronnante, biberonné aux sorties industrialisées de Drake ou Future, autrefois précurseurs. MUSIC ressemble à un mood board où serait épinglé un peu trop d’éléments, et sans réellement chercher à en extraire une moelle qui produirait un tout cohérent ou disruptif. Ce quatrième album, blockbuster ultime du rap moderne aux allures d’un Utopia encrassé, occupera assurément l’année des fans, et tiendra une place honorable dans une discographie déjà fascinante. Mais l’auto-célébration de celui qui prétend désormais incarner la musique, tel Weezy en son temps, ne suffira pas pour offrir à MUSIC la même postérité glanée en 2021.