New Order m'a longtemps d'abord paru comme un groupe bien fade dont je ne parvenais pas à expliquer l'immense succès critique toujours d'actualité. Depuis, j'ai appris à dompter le groupe et j'ai grosso modo écouté leur disco en boucle, je pourrais même prétendre à ma carte de membre du fan club. Bref, si auparavant la moyenne de Power, Corruption & Lies m'était inexplicable, aujourd'hui c'est plutôt celle de Movement qui m'intrigue. Il n'y a certes aucun tube sur ce premier album, mais le groupe n'est pas tellement plus inégal ni moins catchy que sur les opus suivants...
D'autant que j'ai du mal à imaginer comment quiconque étant en adoration totale devant Joy Division, et plus particulièrement leur second album Closer, ne peut pas être à moitié fasciné par Movement, qui en conserve l'esthétique globale. Même son incroyable sec, aride, mêmes vocaux désincarnés (franchement, si on n'est pas au courant qu'Ian Curtis n'est plus au micro, on pourrait n'y voir que du feu). Bien sûr, les morceaux sont loin d'être aussi géniaux, les titres 2 à 5 n'étant pas spécialement marquants au premier abord, même s'ils se révèlent souvent plus intéressants sur la fin (les bruitages industriels sur "Truth", l'intensité guitaristique sur "Senses"...).
Le titre d'ouverture "Dreams Never End" semble en revanche tenter de retrouver la magie du "Disorder" d'Unknown Pleasures avec une rythmique enlevée, presque urgente et juvénile. Un esprit qu'on retrouvera également un peu sur le titre final "Denial". Mais le meilleur de Movement se trouve plutôt en pistes 6 et 7 avec les deux titres les plus sombres et habités. "The Him" réinjecte même une intensité presque digne de "Twenty Four Hours"... Et le fantomatique "Doubts Even Here" distille un malaise troublant.
En bref, un album qui peut paraître bien peu intéressant au premier mais qui contient à mon avis pour moitié de titres excellents. Tout le monde n'accrochera pas c'est sûr, mais tout amoureux du post-punk se doit de lui donner une ou plutôt plusieurs chances.