Liquidons tout de suite les sujets qui fâchent : pour aimer vraiment ce "Lost In The Dream", il faut sans doute n'avoir jamais entendu ni Bob Dylan ni Bruce Springsteen. Éviter de qualifier The War on Drugs de Dire Straits alternatif. Ne pas comparer la voix de Adam Granduciel avec celle de Stephan Eicher... Il faut oublier toutes ces références qui empoisonnent tant de disques de nos jours, et glisser ce CD dans le lecteur de la voiture, vider son esprit et essayer de rouler une bonne partie de la nuit à vitesse moyenne sur des échangeurs illuminés par des néons orange, en attendant une pluie qui ne viendra pas (si l'orage éclate, je recommande toujours de er aux "Riders On the Storm" des Doors, imbattable !). Il faut revenir à une manière plus simple d'écouter notre vieille musique usée par les années (le Rock a 60 ans, déjà !), pour le pur plaisir des sensations les plus élémentaires, que ce disque qui n'a peur de rien, et surtout pas du ridicule, illustre parfaitement. Engourdissement lié au sommeil, dérive dans des rêves soyeux, sourdes montées d'angoisse, puis relâchement progressif des nerfs. Et on repart pour une cavalcade presque héroïque qui donne envie d'enfoncer la pédale d'accélérateur. Et les vieux réflexes reviennent. Comme en 1974... au hasard. Born to Run ? Pitié, pitié, soyons tous amnésiques ce soir, le temps d'un disque. Nous l'avons bien mérité, non ? Shut Up and Drive ! [Critique écrite en 2014}