L'album concept par excellence !

Une comète. Un arc de lumière. Un objet à part dans la chanson française. Une telle œuvre ne se prévoit pas. Cet album est pour moi une véritable référence d'album concept, et est même resté longtemps la seule à mon goût. Un véritable livre, un petit conte, susurré par un Gainsbourg visiblement détruit par cette histoire, sur des ambiances imprévisibles pour véhiculer des émotions à chaque scène de ce récit empathique. L'homme à tête de chou se confie, raconte son histoire et nous captive. Sa descente aux enfers, via le rail de l'érotisme et le train de la folie, va à toute allure et s'imprègne de nos mélancolies cachées. La chanson au titre éponyme sonne comme un constat lourd à porter, assez spatiale. "Chez Max coiffeur pour hommes", "Marilou Reggae" (je préfère cette version-là à celle de l'album "aux armes etc.") et "Transit à Marilou", trois atmosphère différentes, à courte durée, développent une rencontre promise aux extrémités. Et il va être servi, mais du côté négatif: l'extraordinaire "Flash Forward" lui fout une claque. Les images hantent, on se les imaginent pour ne plus les oublier, et Gainsbourg surligne avec les vers les plus beaux qu'il a jamais écrit (comme pour toutes les autres chansons du disque; que ce soit avant ou après, il n'a a jamais mieux poétisé). Cela l'obsède ("Aéroplanes", se terminant par un "Qu'importe, injures un jour se dissiperont comme volute Gitane" qui semble résumer toute sa carrière !), cela l'attriste, il ne comprend pas, se sent trahi. Il se sent devenir légume... "Ma Lou Marilou" n'apporte vraiment pas grand chose, mais reste sympa à écouter. Puis vient l'un de sommets de la chanson française, rien que ça. "Variations sur Marilou". Y' a pas de mots, faut pas chercher à en trouver. Un condensé d'extases pendant 7 minutes, la "perfection poétique" pour reprendre le terme de Verlant. Inégalé, à jamais. Écoutez et vous comprendrez. Le narrateur devient fou, bute sa fausse Dulcinée, et sur une chanson faussement gaie ("Marilou sur la neige"), ne prend conscience de la gravité de son acte que lorsqu’il se retrouve à l'asile ("Lunatic Asylum", merveilleux de simplicité, avec un orgue final qui achève de façon irable cet album irable). La noirceur dans tout ce qu'elle a de destructrice. Et une véritable claque dans ta gueule.

10
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le 17 juil. 2016

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Billy98

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