"II" de Moderat est un disque qui ne s’impose pas – il s’insinue.
Comme une pluie fine sur le béton chaud, il glisse entre les fissures, se faufile dans les silences, éveille sans hausser le ton. Ma note de 7.5/10 traduit cette beauté discrète, entachée parfois d’un voile trop uniforme.
L’album s’ouvre sur des paysages brumeux : nappes électroniques, pulsations sourdes, voix hantée. "Bad Kingdom" claque comme un cri retenu trop longtemps. "Gita" flotte, suspendue entre ciel et sol. Chaque morceau est un souffle, une hésitation, une ligne tracée dans le sable.
Mais à trop contenir l’émotion, l’intensité se dilue parfois. Certains titres manquent d’aspérité, de ce grain de folie qui transforme le beau en inoubliable. On y flâne, on s’y perd un peu, sans toujours y revenir.
Et pourtant, quelque chose persiste. Une atmosphère, une pudeur, une tension retenue comme une larme au bord de la paupière. Moderat compose avec le silence autant qu’avec le son. C’est un album qui n’éblouit pas, mais qui murmure, qui frôle la peau, qui laisse une empreinte légère mais durable.
Un souffle fragile, qui trouve sa force dans la retenue.