Fred Frith – Gravity (1980 - pochette originale)
Ma version est une réédition de deux mille un, entièrement remastérisée, mais sans ajouts ni bonus, conforme à l’édition originale pour le nombre de pièces. Elle se présente sous la forme d’un digipack à trois volets de bonne constitution mais la pochette, différente de la version originale, est assez moche.
Côté musique c’est du tout bon, bien qu’assez surprenant, même de la part de Fred Frith. Ce ne sont pas les audaces sonores qui étonnent ici, bien qu’il y en ait, mais plutôt le registre dans lequel se dépatouille l’album. Quelque part entre le folk, la danse collective, une certaine tradition, et l’expérimentation, les combinaisons osées qui plongent parfois vers le rock et bien sûr et avant tout, l’improvisation.
Ce qui fait à la fois un album hors norme et en même temps très écoutable, même par les personnes peu habituées à la musique transgressive. L’album a été enregistré par deux formations différentes, et ça s’entend, bien qu’il reste toutefois une certaine unité de ton.
Les six premières pièces ont été enregistrées en août soixante-dix-neuf en Suède, avec Fred Frith à la guitare, à la basse, au violon, aux percussions et au tambour. Lars Hollmer aux claviers et à l’accordéon, Eino Haapala à la guitare et mandoline, Marc Hollander au sax alto et à la clarinette et Hans Bruniusson à la batterie. La dominante de la musique est très optimiste, champêtre, autour des danses et de la joie de vivre, c’est très joyeux et respire les bons sentiments, c’est la face « Sammla Mammas Manna ».
Les sept dernières pièces ont été enregistrées en novembre de la même année et en janvier de l’année suivante, dans le Maryland, puis en Suisse. C’est la face « Muffins » avec Fred Frith et Marc Hollander, mais aussi Dave Newhouse au sax alto et à l’orgue, Paul Sears à la batterie et Billy Swann à la basse. C’est un peu plus lourd, avec toujours cette touche décalée qui caractérise Fred Frith et bien entendu l’influence RIO.
Il y a de belles pièces assez représentatives de la première partie de l’album, comme « The Boy beats The Rams » qui se situe en tout début, « Spring any day now » ou « Norrgarden Nyvla » qui sont également de bonne facture, bien qu’elles soient toutes, en fait, délicieuses. Pour la seconde partie on remarque inévitablement la reprise de « Dancing in the Street » qui intègre, d’après les notes de pochette, l’enregistrement de « manifestants iraniens célébrant la capture d'otages américains » !
Cet album forme la première partie de la trilogie « Ralph » qui évoque le nom du label, avec « Speechless » dont je vous ai déjà parlé et « Cheap At Half The Price » qui se réévalue d’année en année.
Petit à petit « Gravity » est devenu un incontournable de Frith, un pas de plus vers la musique du groupe « Massacre » encore en devenir…