Chronique complète sur sonnequipeut.com
Ghostholding, mon introduction à l’univers de Jane Remover, est un choc émotionnel comme on en rencontre peu dans une année. A l’opposé des fracas synthétiques qui ont fait sa renommée, le disque remet au goût du jour les secousses noise et shoegaze 90s, pour mieux les malmener dans une production lofi, où bourdonnements de distorsion s’entrechoquent avec des parasitages sonores intermittents et des intrusions vocales lointaines, comme des esprits d’un monde voisin frappant à la porte des vivants. Un univers qui semble si commun, et si étrange à la fois.
À nouveau, dans une désir de destruction, Jane Remover empreinte ces codes du é pour mieux les pervertir, basculant aussi bien dans un son épais et aérien digne de Deftones (Halloween, Spider), que vers des incrustations instrumentales pleines de spleen façon Mk.gee (Believe), où des démonstrations d’envolées vocales détonantes (Play My Guitar, Believe) qui pourront en sortir plus d’un, mais qui sont pourtant toute la sève de Ghostholding. Remover n’a jamais autant assumer sa voix que sur cet album, la mettant en avant comme jamais, en la modulant à outrance, la poussant jusqu’au point de rupture. Et par extension, assume de se livrer comme jamais. En évoquant les relations néfastes aspirant son âme, malmené par les doutes permanents, ou le regard porté sur elle depuis sa célébrité grandissante. « I never thought I’d be famous, but I feel like I’m a star », semble porter à haute voix Jane Remover sur Famous Girl, essayant d’exorciser les vieux fantômes internes, ceux qui chuchotent éternellement le doute et les souvenirs douloureux à nos oreilles. « And I get what I want / Next week I’ll get so scared / Feel like a runway dreamer / Runaway dreaming ». Ghostholding porte déjà 2025.