Avec Dept. of Disappearance, Jason Lytle poursuit son exploration d’un indie pop/folk éthéré, marqué par une production minutieuse et des arrangements délicats. L’album brille par ses textures sonores : synthés analogiques, pianos rêveurs, guitares filtrées — tout est savamment dosé pour créer une matière sonore douce et enveloppante.
Musicalement, Lytle reste fidèle à ses obsessions : un goût pour les motifs répétitifs, les crescendos émotionnels discrets, les mélodies flottantes. Get Up and Go ou Young Saints témoignent d’une vraie science de la construction : tout évolue lentement, presque imperceptiblement, mais avec cohérence. Le mixage est précis, parfois même trop lisse — il manque parfois ce grain de folie ou cette prise de risque qui rendrait certains morceaux inoubliables.
Les tempos restent globalement posés, les structures classiques, sans moments vraiment inattendus. Lytle semble plus préoccupé par la beauté du son que par l’impact mélodique, et c’est peut-être là que l’album pêche : l’univers sonore est beau, mais il manque de relief. Peu de titres restent en tête, même si l’ensemble est agréable de bout en bout.
En somme, Dept. of Disappearance est un album élégant, riche sur le plan sonore, mais qui peine parfois à captiver sur la durée. Il séduit l’oreille sans toujours toucher le cœur. Une belle œuvre de studio, certes, mais qui aurait gagné à s’autoriser plus d’audace.