Southland Tale

Benjamin Booker est issu du Sud des Etats-Unis.

Ce Sud moite, dégoulinant, ce Sud qui colle aux fringues et qui empeste le poulet grillé.
Ce pays digérant lentement les restes nauséabonds de quelques rednecks bas du front, casquette vissée sur une tête pleine d'eau et chemise à carreaux crasseuse, hurlant un "White power" périmé face à une "Black pride" bien enracinée. Ces bayous poisseux et immenses, presque aussi dangereux qu'un coin de rue à la Nouvelle-Orléans.
Ces campagnes désertiques et désertées, ces grandes villes coloniales surpeuplées et ultra-violentes.

Ces terrasses de bois vermoulu face à ces forets de lianes détrempées, un rocking-chair balançant doucement et sur une petite table en osier chancelante, Une vieille guitare balafrée et un fond de Whisky artisanal.
C'est aussi ces clubs enfumés égarés dans ce dédale de bitume, perdus dans ces multitudes de rues sales aux noms Français.
Des clubs crasseux sentant la pisse et la bière chaude, un bar monumental au mille et une bouteilles de Whisky et une scène de la taille d'une cabine téléphonique où les légendes du "Deep South" sont toutes venues les planches.

C'est toutes ces influences pré-citées que l'on retrouve dans la musique du Jeune Benjamin.
Un Rock trempé dans un Bourbon fait maison qui fait toujours un peu mal à la première gorgée, qui râpe toujours un peu, mais une fois que le age est fait (comme disait Clara Morgane) se laisse boire comme du petit lait (re- comme disait Clara Morgane).
Booker rend un hommage splendide à son Sud natal faisant revivre en plein milieu du Bayou les grands genres de la musique Américaine.
Navigant en eaux troubles entre un Rock poussiéreux et supersonique, un Blues mariné à l'eau de feu ou une Soul transpirante susurrée d'une voix lustrée à la testostérone, Booker ramasse toutes ces influences, les balance dans le grand mixer Punk et en tire un jus épais, salé et tonifiant ( Ben ?!..euh..comme disait Clara Morgane !).

Benjamin Booker fait de son premier album un coup de maître.
Un disque "somme" où les styles et l'ambiance moite de ce Sud des Etats-Unis aussi fascinant que perturbant, semblent se fondre à merveille avec la réalité de ce coin d'Amérique désenchanté mais bien vivant.
Booker réussit le coup de génie de créer la synthèse parfaite de l'âme blessée de ces états du Sud.

Un disque à l'image de ces tempêtes apocalyptiques, ces ouragans destructeurs qui hantent la mémoire Sudiste : Sauvage, violent et dévastateur.

https://www.youtube.com/watch?v=u8VyRO2iqeg