2
7.5
2

Album de Mac DeMarco (2012)

La coolitude en pantoufles : Mac DeMarco ou l’art de prendre son temps

Il y a des albums qu’on écoute comme on regarde un feu d’artifice : grand, spectaculaire, explosif. Et puis, il y a ceux qu’on met en fond, un après-midi un peu mou, les pieds sur la table, une tasse de café tiède à la main. 2 de Mac DeMarco, c’est clairement le deuxième genre. Et franchement, c’est ce qui fait tout son charme.


Je lui ai mis un bon 8/10, parce que même si ce n’est pas l’album le plus ambitieux que j’ai entendu, c’est sûrement l’un des plus attachants. Un peu comme ce pote un peu barré qui te fait toujours marrer sans en faire trop.


Le premier truc qui frappe, c’est ce son lo-fi un peu sale, un peu flou, mais jamais désagréable. On dirait que l’album a été enregistré dans un garage avec des câbles enroulés autour d’un pot de fleurs – et pourtant, tout fonctionne. "Cooking Up Something Good" pose direct le décor : guitare qui claque mollement, voix traînante, et ce petit groove qui donne envie de hocher la tête sans pression.


C’est pas de la musique qui cherche la perfection technique, c’est de la musique qui veut qu’on se sente bien. Et sur ce point, pari réussi.


Ce qui est cool avec Mac, c’est qu’il a cette fausse légèreté. Sous ses airs de type qui se fiche de tout, il raconte quand même des trucs. Dans "Freaking Out the Neighborhood", il s’excuse auprès de ses proches avec humour pour ses frasques. Et "Ode to Viceroy", cette déclaration d’amour à sa clope préférée, c’est à la fois absurde et touchant. On sent qu’il y a une vraie sincérité là-dedans, même si elle est planquée derrière des blagues et des riffs bancals.


Il ne nous balance pas de grandes vérités existentielles, mais il partage un bout de vie, avec ses galères, ses routines et ses petits bonheurs. Et mine de rien, c’est assez rare.


Bon, soyons honnêtes : il y a des moments où on décroche un peu. Certains morceaux se ressemblent, et parfois on a l’impression que ça aurait pu être un EP. Mais même dans ces longueurs, il y a quelque chose de reposant. C’est comme traîner sans but dans une ville inconnue : on ne sait pas trop où on va, mais c’est agréable.


2 n’est pas là pour changer la face du rock indépendant. Mais ce n’est pas grave. Il est là pour nous accompagner, doucement, tranquillement, sans jamais nous prendre la tête. Il a cette vibe de musique du quotidien, celle qu’on lance quand on a envie de se sentir un peu moins seul, ou juste un peu plus cool.


C’est un album qui ne prétend rien, et qui arrive quand même à dire beaucoup. Et rien que pour ça, il mérite bien son 8/10.

8
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le 14 avr. 2025

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