J'ai l'habitude de ne pas lire le quatrième de couverture avant de lire un roman. Et quand je vois ce genre de résumé, je m'en félicite! On y lit que Inishowen "pourrait bien être un Tristan et Yseut irlandais". Bienheureux conditionnel qui permet toutes les audaces!
Rien à voir avec l'histoire de Tristan et Yseut donc, si ce n'est qu'un homme y aime une femme mariée (pas à son oncle), et si cela suffisait, combien de romans devraient être comparés à cette légende!
Oublions ce malencontreux quatrième de couverture pour parler du roman lui-même. Celui-ci fait partie de cette veine moderne, dont je remonterais l'origine à John Irving, où l'on insiste sur les particularités des personnages et où l'humour s'invite dans une narration qui pourrait sans cela être bien plus dramatique. On y prétend ironiser sur les désordres de la société. Comédie de mœurs, pourrait-on par conséquent étiqueter.
Eh bien, force est de constater que cela ne marche pas mal du tout. C'est effectivement parfois assez drôle, les personnages arrivent à être touchants quand l'auteur n'en fait pas des tonnes, l'intrigue mêle l'intime à l'historique en partant des bébés de filles-mères adoptés en Amérique, le sujet de Philomena. On y parle aussi, vaguement, des événements tragiques sous joug anglais.
En clair, c'est une lecture plaisante. Même si parfois l'auteur en fait trop. Peut-être louche-t-il, en effet, du côté de John Irving, et de la faculté de celui-ci à produire des scènes dantesques pour un effet maximal, mais alors il manque un petit quelque chose, un rythme ou alors cette capacité à aller dans l'absurde sans perdre de vue les personnages.
Cela n'empêchera pas d'apprécier la lecture d'Inishowen, et si j'ai l'occasion de tomber sur d'autres livres de cet auteur, je ne m'en priverai pas.