selon Kamila-Alice Volsteadt

Annotation :

Pour la nuit de mes 21 ans, T. a eut cette idée absolument géniale : Mater Satantango. C'était étrange parce qu'il faut vraiment être à part pour proposer à une apparente excitée du bocal dont on vient tout juste de tomber amoureux de mater un film contemplatif et dépressif de prés de 8h pour son anniversaire.
Et de fait, ce film nous a plongé dans un état des plus étranges, semblable à celui que l'on peut rencontrer certaines nuits difficiles, un sommeil éveillé teinté d'un sombre râle dépressif. C'était merveilleux. Hors norme. Bela Tarr est sûrement fou car il faut oser faire des films comme celui-là (Etrangement Le Cheval de Turin est pire alors qu'il dure le quart de celui-ci, mais il avait déé les limites, et pour le coup, il m'a traumatisé).
Je pense que ce film est parfait pour moi qui posséde cette capacité à l'ennui taillé aux films de Ruiz et Tarkovski, et avec un fond maniaco-dépressif assumé et revendiqué, et des plus forts.
Je n'ai pas d'analyse, de propos intellectuel à faire sur ce film. Je n'en ferai pas. Je me suis posée 8h, possible que dans cette contemplation, j'ai loupé une bonne heure car il faut divaguer, ne pas rester concentré, puis revenir et se dire "Qu'est ce qui se e déja ? Qui est-ce ?". Dans ce film, on s'en fout un peu. On calque son rythme respiratoire sur le vent, le rythme de nos pensées sur les mouvements de la caméra.
Et je vais faire une confession : Je sais même plus de quoi parle ce film. 8h de film. Je sais plus c'est quoi l'histoire. Si un village, des gens ayant répandu des idées subversives reviennent, et ça suscite des relents d'angoisse silencieux et violents à la fois. Je crois que c'est un peu ça le film.
Mais de fait, je pense que je suis également conditionnée par le fait que je vis dans une ville ennuyante du Nord. Si tu survis à un mois d'août gris à Amiens, c'est merveilleux.

Annotation :

C'est le meilleur film du Dogme 95 et Dogme 95 est sûrement le mouvement le plus respectable (Rien que pour son point no.10 qui consiste en cela : Le réalisateur ne doit pas être crédité au générique).

Les Idiots est sûrement le film le plus proche de moi. Je crois que je n'ai jamais autant cité un film dans ma vie et il est à l'origine de beaucoup de choses dans mes choix.
Je vois ce film comme un hommage à la performance. A priori, l'idée de performance filmée nous améne à croire à une catastrophe, à l'impossible qualité. Une performance n'est pas faite pour être filmée, se situant dans un instant, par voie de conséquence elle est ephémére et les seules traces qui subsistent se situent dans nos esprits. Hors c'est Lars Von Trier. Cruauté et grandeur se cotoient avec une violence implacable.
J'adore ce film plus que n'importe quel autre au monde. La puissance de l'Idiot. La grandeur de l'Idiot. Pas de limites. La vie. Abolir des codes qui n'ont qu'un sens civilisationnel que trés approximatif et rétrograde. Lars Von Trier, c'est aussi les meilleures fins de films. A chaque fois, ce sont des claques d'abomination qui saisissent le spectateur. Karen est un personnage absolument sublime. Parmi eux tous, elle est l'Idiote absolue, sincére. Tandis que certains s'enlisent dans un jeu pseudo-artistique qui tient plus de la folie bourgeoise (qui étrangement se disent anti-bourgeois, mais c'est juste l'ennui de leur classe qui les aménent à se réfugier dans ses opposés), Karen est l'Idiote dans toute sa simplicité, son authenticité. La fin est abominable.
Le procédé filmique est tout aussi curieux et fascinant, on reconnaît bien là les caractéristiques de Dogme 95 semblable au Festen de Vintenberg. Une espéce d'ascétisme dans la maniére de filmer pour déployer plus de folie. On attribue la vie au théâtre, aux arts scéniques mais Dogme 95 a tenté de rendre le cinéma plus vivant. Ne me contredisez pas, le cinéma n'a jamais été la vie (le montage, la post-prod, le son travaillé extérieurement aux images, on fait même jouer des acteurs séparément, pour chaque plan, comme si une parole pouvait être délivrée, extraite de son contexte espace/temps.). De facto, c'est un film pour amateur d'art scénique, d'art contemporain mais aussi d'anti-pensée. Tout cinéphile devrait détester ce film. Tout snobinard, intellectuel. Je jouis presque à imaginer ces benêts des Cahiers du Cinéma, ces facistes de la politique des auteurs s'énerver sur ce film.

Annotation :

Film de mon enfance, merci PapaMaman de m'avoir fait voir ce film un bon nombre de fois lorsque j'étais gosse. Ca collait bien trop. Beaucoup de films ont fait partis de mes préférés et celui-ci demeure indétrônable. Tellement mais tellement de choses. Je crois que je le dis dans tout ce top, mais ce sont des films qui me parlent, me touchent particuliérement et celui-ci plus que les autres, intimement.
La notion de mur ne me sera jamais étrangére. Je suis née avec, j'ai grandi avec, je suis obligée de devenir avec et je vais crever avec. Je ne m'étends pas. J'ai pas l'habitude de faire dans la complaisance et dans le social vis à vis de moi-même. Que le monde extérieur me semble étranger au point de distiller une certaine folie en moi, ça a toujours été là.
Ma rage politique ancienne, j'ai également grandi avec, ma mére m'a transmis la sienne (le plus bel héritage, pas besoin d'autre matériel, celui-ci je le garde ancré et me fait vivre). Cet enfer capitaliste qui s'est relevé d'une guerre abominable sous le signe de facismes et qui au XIXéme siécle, continue, et qui me donne cette sensation constante de vivre dans une crypto-dictature que les gens acceptent, endormis qu'ils sont.
La structure scolaire qui nous moule, nous réduit à rien. Ca parlait enfant sûrement à celle que j'étais à 7 ans, celle qui se levait, grimpait sur sa table et hurlait "Je suis dans un zoo, je suis un singe". D'une part, je n'ai pas changé et ça confirme la thése que je suis née révoltée, d'autre part, je me demande si depuis j'ai été aussi bonne, ce fut sûrement mon meilleur moment. Ce fut seulement récemment que je compris à quel point c'était pas mal de sortir ça. Je me suis contenté depuis de quelques "Ta gueule" "Je vous emmerde".
Mais aussi, c'est Pink Floyd. C'est un groupe qui a traversé un peu ma vie émotionnelle. C'est un trés bel album que voilà, pas le meilleur selon moi, mais il demeure excellent car c'est un excellent groupe à la base.
C'est un trés beau film même, Alan Parker demeure un réalisateur incroyable.