Cover Cinéphilie obsessionnelle — 2024

Cinéphilie obsessionnelle — 2024

Longs métrages uniquement.
↑↑ "Notre corps", de Claire Simon (2023) ↑↑

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Mois après mois, pour le meilleur et pour le pire des découvertes :

Janvier (1→82)

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794 films

créée il y a plus d’un an · modifiée il y a 5 mois
Transformers 2 - La Revanche
4.3
121.

Transformers 2 - La Revanche (2009)

Transformers: Revenge of the Fallen

2 h 30 min. Sortie : 24 juin 2009 (). Action, Aventure, Science-fiction

Film de Michael Bay

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Dur dur cette quête "Transformers", à la différence de beaucoup d'autres similaires (Saw, The Purge, Twilight, etc.) je ne suis absolument pas sûr de réussir à la compléter. Ces films de Michael Bay sont un concentré du fast food cinématographique, c'est laid, c'est nul, et ça n'a aucune durabilité dans le temps. C'est à la fois interminable, en s'étalant sur près de 2h30, et incroyablement précipité, avec des plans qui s'enchaînent à une vitesse écœurante. Ça n'a aucune consistance, c'est un défilé d'images qui essaient de faire sens et qui donnent globalement une direction, sans toutefois parvenir à déboucher sur un programme concret. On se contrefout tellement des histoires de Shia LaBeouf (ici près de John Turturro, auquel j'ai toujours pensé qu'il ressemblait, c'est troublant) (qui est censé essayer de mener une vie normale d'étudiant à laquelle on ne droit jamais) et Megan Fox, le scénario est un défilé d'abrutissements à caractère lobotomisant, et le tout tourne autour d'une guerre de robots extraterrestres extrêmement insipide. Au milieu du marasme, en plus de célébrer l'industrie automobile américaine, on fait une place de choix à l'armée américaine et tout particulièrement à ses avions de combat, c'est parfait. Bordel que c'est con, bourrin, confus, lourd, et presque touchant dans ce début de prétention que l'on sent de la part de Bay qui se rêve poète du cinéma. Mes yeux saignent.

Graffiti Party
7.1
122.

Graffiti Party (1978)

Big Wednesday

2 h. Sortie : 11 juillet 1979 (). Drame, Sport

Film de John Milius

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

C'est là qu'il faut se rappeler que la séquence de surf au Vietnam dans "Apocalypse Now" était l'œuvre du premier des trois scénaristes, John Milius. Parce que sans cet élément crucial il peut paraître assez incongru de retrouver le cinéaste américain du côté des surfeurs attendant de grosses vagues à Malibu si l'on garde en tête des films "Conan le Barbare"... Malgré tout c'est assez surprenant de se retrouver là, auprès de ce trio de jeunes amis parmi lesquels on discerne un Gary Busey à la mâchoire incroyablement carrée ainsi que Jan-Michael Vincent aka Supercopter. Étrange.

Milius dépeint un univers de plages et de surf typique des années 60 chez les Beach Boys et segmente son récit en quatre temporalités bien identifiées, quatre saisons, printemps 1962, automne 1965, hiver 1968 et été 1974. Il ya une volonté assez claire d'embrasser un mouvement mélancolique, un regard sur le é un peu tristounet, montrant l'adolescence et ensuite la perte de l'innocence en un sens avec la conscription et la guerre du Vietnam. Les portraits sont taillés à la truelle et on ne fait pas vraiment dans la dentelle, trois protagonistes avec trois caractères bien identifiables. Il y a malgré tout un fond de chronique surprenant, une fois mis de côté les ages un peu pénibles qui dépeignent les ages obligés (symbolisés par les teufs qui finissent en baston générale par exemple), dans la façon d'abord l'avènement des responsabilités, sur fond d'alcoolisme et de violences diverses.

Je trouve le film assez maladroit et insistant dans cette sensation d'époque d'innocence révolue qu'il cherche à marteler lourdement, et disons qu'en tant que chronique de surf je préfèrerai toujours des choses comme "The Endless Summer" (1966) ou encore "Morning of the Earth" (1972), quoique pas sûr pour ce dernier. En plus de ça on a le sentiment qu'on veut nous dire un peu la même chose que ce que disait exactement la même année "The Deer Hunter", à savoir que les implications de la guerre sur la société tout entière étaient énormes, mais sans surprise avec moins de talent. En tous cas je trouve la métaphore du surf un peu balourde, malgré la vague qui enfin arrive à la toute fin, symbole d'une enfance retrouvée — dans une ambiance crypto-gay, naturellement.

Twilight : Chapitre 2 - Tentation
3.5
123.

Twilight : Chapitre 2 - Tentation (2009)

The Twilight Saga: New Moon

2 h 10 min. Sortie : 18 novembre 2009 (). Aventure, Drame, Fantastique

Film de Chris Weitz

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

Sans aller jusqu'à trouver dans le second volet "New Moon" de "Twilight" un chef-d'œuvre du cinéma fantastique romantique, je dois avouer qu'un peu comme pour le précédent je m'attendais à bien pire. Les faiblesses sont là, bien en évidence, aucun problème à ce niveau. C'est affreusement affecté dans la romance contrariée entre Bella et Edward (la palme à la séquence qui montre la fille esseulée se morfondre suite au départ de son amant), la métaphore sexuelle sur le désir et la frustration avec en toile de fond une jalousie grandissante est très peu fine, les quelques bastons entre loups et vampires font dangereusement penser à celles, totalement impersonnelles, artificielles et fades, qui animent les robots antagonistes de "Transformers" (les films sont contemporains). Et pourtant, plus le vampire amoureux déclame ses "tu ne me reverras plus, je ne reviendrai pas, poursuis ta vie, ce sera comme si je n'avais jamais existé", plus c'est drôle. Cette peinture de la séparation et de l'agonie sentimentale qui cherche de manière aussi criarde à se faire émouvante, je sais pas, ça me toucherait presque. Bon évidemment on le voit arriver de loin, Jacob, avec ses gros sabots, prêt à combler le vide laissé par le vampire déserteur. On attend la transformation en loup-garou bien longtemps avant que le scénario ne le dévoile explicitement, à tel point que ce qui est censé être une révélation incroyable se révèle plus proche du pétard mouillé. On rit beaucoup, aussi, devant cette petite bande de gars au torse glabre — on nous montre qu'ils pensent à leur transformation, mais bon, quid du pantalon et des chaussures hein ? Mais pareil, derrière ces bêtises, il y a la figure de l'ami d'enfance qui s'éveille à un rapport plus proche et adulte près de Bella... C'est kitsch que ça en peut plus, ça use du ralenti sirupeux sans scrupules en multipliant les regards au comble de la lourdeur, et on voit se dessiner le triangle amoureux entre Kristen Stewart, Robert Pattinson et Taylor Lautner qui ne manquera pas d'animer les épisodes suivants je suppose. J'ai le sentiment que mon second degré particulièrement sollicité ici va rapidement s', et que tout ce qui pouvait être proche du plaisir coupable a été consommé dans les deux premiers volets. La suite s'annonce périlleuse.

Les Animaux fantastiques - Les Secrets de Dumbledore
4.9
124.

Les Animaux fantastiques - Les Secrets de Dumbledore (2022)

Fantastic Beasts: The Secrets of Dumbledore

2 h 22 min. Sortie : 13 avril 2022 (). Aventure, Fantastique

Film de David Yates

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Sans surprise je referme le chapitre "Fantastic Beasts" (ainsi que le plus général "Wizarding World") avec aussi peu d'engouement que je l'ai ouvert, et sur à peu près les mêmes notes : un potentiel pas négligeable vis-à-vis de l'univers empreint de féerie, de magie et de créatures fantastiques, un traitement assez peu valorisant du contenu, des interprètes assez fades à commencer par Eddie Redmayne qui se trouve presque expulsé de la majorité du film (et le tout sans parler du remplacement express de Johnny Depp par Mads Mikkelsen), et dans la recette habituelle de ce genre de super-production, tous les éléments de bêtise scénaristique de rigueur qui donnent l'impression de constamment saboter le récit. À l'instar de tout ce qui tourne autour des Qilin, ces créatures proche du faon, avec vers le début du film une scène d'une brillante facilité (la séquestration du bébé animal) alors qu'il s'agit de quelque chose d'absolument fondamental qui régit l'avenir de la société des sorciers. Bref, ça n'a aucune cohérence, au même titre que les pouvoirs magiques qui sont un peu comme chez Marvel, un peu aléatoires et se manifestant selon le bon vouloir des scénaristes capricieux.

Un film qui a en outre subi la censure chinoise puisque l'évocation de l'homosexualité du personnage d'Albus Dumbledore a été coupée au montage pour la sortie du film en Chine, et qui ne sort pas vraiment grandi de son atmosphère très grossière en prise avec la montée au pouvoir d'un Hitler bis à Berlin. Zéro subtilité dans cette vision du populisme. On ne peut pas dire que la persévérance soit récompensée en terminant cette saga (certes un peu contre mon gré).

Blue Beetle
4.7
125.

Blue Beetle (2023)

2 h 07 min. Sortie : 16 août 2023 (). Action, Aventure, Science-fiction

Film de Angel Manuel Soto

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

DC toujours à la pointe de la connerie, capable de nous refourguer une nouvelle horreur à plusieurs centaines de millions d'euros qui ressemble à un amalgame de tout ce qui a déjà été fait en matière de super-héros, ingurgité et régurgité. Le mal au casque guette devant ce défilé d'images déjà vues et de situations déjà vues et de méchants déjà vus et de héros déjà vus. On atteint quand même un sommet ici avec cet ersatz de Spider-Man dans lequel on aurait remplacé l'araignée matricielle par un scarabée venu d'ailleurs (d'où on ne saura pas et on s'en contrefout probablement autant que les scénaristes), avec mêmes dilemmes familiaux, mêmes questionnements sur les responsabilités, et mêmes problématiques d'affrontement contre des forces du mal. Boudu que c'est nul. Aux côtés d'un casting 100% inconnu et latino (la nouvelle cible commerciale parfaitement identifiée qui montre bien l'opportunisme écœurant de cette industrie) on a la joie de découvrir une Susan Sarandon parachutée dans cet univers en incarnation de la grande méchante, et là, franchement, on se demande si on n'a pas un peu abusé de l'absinthe à 75% avant de regarder le film... Un film générique, copie de copie de copie, qui ne laissera aucune trace sauf peut-être un filet de bave au coin des lèvres de spectateurs assoupis. L'argument fantastique est archi-nul car face à la combinaison-scarabée se trouve des méchants avec des combinaisons fabriquées tout aussi puissantes, et le niveau de certains gags (le gros vaisseau qui répand des gaz toxiques comme s'il pétait sur les ennemis, la mamie qui manie la grosse sulfateuse) donne une bonne idée du niveau abyssal.

Seule surprise me concernant, qui m'a permis d'ouvrir grand mes oreilles pendant 3 minutes en reconnaissant une chose connue et agréable : la présence d'un morceau très cool de Los Saicos : Demolición.

American Nightmare 5 : Sans limites
4.6
126.

American Nightmare 5 : Sans limites (2021)

The Forever Purge

1 h 43 min. Sortie : 4 août 2021 (). Action, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Everardo Gout

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

Drôle de coïncidence qui se révèle être un pur hasard, le dernier volet de la série des films "The Purge" exploite le filon du racisme contre les communautés hispanophones aux États-Unis et entre ainsi parfaitement dans le sillon du dernier film DCEU vu, "Blue Beetle", lui aussi focalisé sur la même communauté. Le film se positionne très clairement sur un petit bout de terrain idéologique, même s'il est exemplaire dans les approximations et la démarche brouillon qui sous-tend l'intrigue de thriller : après avoir observé les conséquences de la première purge dans le volet précédent sur les populations essentiellement afro-américaines, on e ici sur l'autre grande culture malmenée par le mandat de Trump 2017-2021, rappelant tout ce qui touche à la frontière avec le Mexique.

Bon après je pousse un peu fort l'appréciation sur la base de ces aspects-là (et encore plus quand on regarde qui ce genre de série B choque, des gens qui s'étranglent sur le fait qu'on ne voit que des personnes noires du côté des gentils mesurés), car tout le reste est éminemment bâclé, exactement comme on pouvait s'y attendre. Un ranch au Texas tenu par une riche famille blanche, des jalousies familiales qui se croisent avec les cowboys d'origine étrangère, ces derniers se montrant malgré tout solidaires lorsque la purge annuelle dérape... Bref, cousu de fil blanc.

Et justement le dérapage de la purge, le cœur du film censé se focaliser sur un déraillement majeur (des fous continuent la purge après la fin), est traité complètement par-dessus la jambe, et illustre en ce sens à quel point la série de films ne s'est jamais préoccupée de gérer son univers dans les détails. Cette notion de fin de purge concentrée en une simple sonnerie de 5 secondes, instinctivement on se dit que ça doit forcément être le bordel et qu'il doit y avoir des débordements... Ici l'engrenage qui suit n'est jamais travaillé, c'est juste balancé comme ça pour faire une toile de fond un peu aléatoire et c'est dommage. On s'éloigne à cette occasion pas mal de la matrice du concept, et le boulevard pour la satire politique et sociale que l'univers s'était ménagé semble bien mal exploité. Vraiment balourd, à l'image de la dernière séquence ironique montrant un renversement de point de vue avec des États-uniens franchissant la frontière par millions pour fuir leur pays, avec zoom arrière en vue satellite.

127.

Song of the Horse (1970)

Uma no Uta

1 h 13 min. Sortie : 31 août 1970 (Japon).

Documentaire TV de Akira Kurosawa

une critique.

Annotation :

Unique documentaire à mettre au crédit de Kurosawa (à moins que d'autres bobines soient exhumées dans les prochaines années), réalisé au lendemain de l'échec commercial de "Dodes'kaden" qui le poussera à la tentative de suicide l'année suivante. C'est une curiosité qui ne doit son intérêt, mineur, qu'à la réputation de son auteur : réalisé par un anonyme de la même période, c'est manifestement un objet qui serait tombé dans les limbes du temps. J'imagine que pour certains il y a aussi un besoin de complétion vis-à-vis de la carrière du cinéaste japonais — personnellement je n'y suis pas encore, donc le sentiment est encore loin.

Si on voulait être méchant on pourrait dire que le vieil Akira rend ici un hommage à la ion du tiercé. Avec un habillage assez peu gracieux qui a recours aux voix d'un grand-père et de son petit-fils, on nous décrit assez platement ce qu'on voit (peut-être qu'il s'agissait d'un film à destination des enfants). Le documentaire est composé majoritairement de séquences de courses, entrecoupées de tranches de vie chevaline, naissance, premiers pas, premières courses, dressage, etc. Pas quelque chose de follement ionnant me concernant. En tous cas "Song of the Horse" avance très sérieusement comme un poème pour le pur-sang, un animal qu'il aimait vraisemblablement beaucoup (mais il manque des samouraïs dessus à mon sens). Il y a une volonté de montrer un acte de transmission à l'œuvre avec les deux narrateurs mais l'effet reste très limité, enfermé dans une forme de candeur un peu trop naïve. Et puis bon, les ralentis sur les chevaux qui courent, c'est beau, mais cinq minutes auraient largement suffi.

Spider-Man: Across the Spider-Verse
7.8
128.

Spider-Man: Across the Spider-Verse (2023)

2 h 20 min. Sortie : 31 mai 2023 (). Action, Aventure, Science-fiction

Long-métrage d'animation de Justin K. Thompson

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

Mes souvenirs ne sont pas parfaitement clairs mais j'ai le sentiment que l'effet produit est le même que "Spider-Man: New Generation" il y a 5 ans : à la fois curieux et intéressé par ce que ce renouveau animé a à proposer tout en souffrant de tous les excès esthétiques et scénaristiques que l'on identifie et prend dans la gueule tout de suite — et ça durera 2h20, il faut s'accrocher. La particularité de "Spider-Man: Across the Spider-Verse" est sans doute de pousser le bouchon très loin en matière d'univers parallèles qui se croisent et s'entrechoquent, mais aussi de laisser l'impression très désagréable de ne pas se suffire à lui-même, puisqu'il nous laisse sur un bon gros cliffhanger nous imposant d'attendre le prochain épisode alors que les choses commençaient à s'activer sérieusement après deux heures de présentation du concept, disons. Forcément très frustrant.

La manœuvre orchestrée par le trio Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson était pourtant assez maline, puisqu'avec cette approche maxi méta ils parviennent à donner un semblant de sens à la multiplication des interprètes de Spider-Man ces dernières années qui viraient clairement à l'indigestion. Mais malheureusement, si l'on écarte de la sorte les grands travers d'une industrie en roue libre, on se prend sur le coin du museau un autre déluge incontrôlé, celui d'une mise en scène particulièrement tape-à-l'œil qui a ouvert les vannes un peu trop généralement. C'est trop plein partout, poussif dans les explications, excessif dans le mélange des univers, et surtout ça manque de concisions quoi... Je n'ai pas l'impression que ce soit une question d'humilité, juste de simplicité, trop occupé à partir dans tous les sens et multiplier sans limite aucune les pistes narratives. On avance avec une illusion de sens, mais en réalité on flotte sur du vide, et au final pas exempt des défauts classiques : les enjeux sans cesse altérés par l'humour à la Marvel, le torrent de références ultra agressives, et au final une dilution des bons arguments dans une redondance malsaine — ça devient un peu pénible l'énumération des doubles, la fille, le gentil méchant, le punk, l'hispano, l'indien. Prisonnier de son propre programme et de son principe d'accumulation.

The Palace
3.7
129.

The Palace (2023)

1 h 41 min. Sortie : 15 mai 2024 (). Comédie dramatique

Film de Roman Polanski

Morrinson a mis 1/10.

Annotation :

Le choc est brutal. Polanski avait déjà montré à quel point il pouvait être un cinéaste médiocre avec son "D'après une histoire vraie", mais alors "The Palace" repousse les limites de la bêtise et de la nullité encore dans une dimension supérieure. Je suis vraiment étonné de constater a posteriori que Jerzy Skolimowski a contribué à l'écriture du scénario tant cette farce révèle sans honte l'étendue de sa stupidité. C'est une sorte de reformulation de "Sans filtre" (Triangle of Sadness de Ruben Östlund) dans un cadre miséreux par de piètres copistes où l'on peut voir un défilé de gens dont la richesse n'a d'égal que la grossièreté dans un hôtel luxueux des Alpes suisses à la veille du nouveau millénaire. Le age à l'an 2000 est un artifice laid et vain parmi des centaines d'autres, qui semble presque uniquement là pour permettre à Polanski de montrer un discours de Boris Eltsine et un autre de Poutine lors de la ation de pouvoir entre les deux. Les gags qui s'enchaînent sont sans l'ombre d'un doute sorti d'un cerveau décrépi, avec des blagues sur du caca de chien, sur des personnes coincées au cours d'un rapport sexuel impliquant la mort du vieux millionnaire, sur l'homosexualité refoulée d'un homme aux allures de comptable, bref, autant de manifestations gênantes d'une sénilité avancée. C'est un naufrage vraiment monumental dans lequel on peut voir se débattre, non sans une certaine stupéfaction paralysante, des personnes comme Fanny Ardant (une vielle comtesse qui drague le jeune plombier de l'hôtel), John Cleese (le vieux riche qui va se marier avec une fille 50 ans plus jeune) ou encore Mickey Rourke (caricature de ricain débile à perruque). Le spectacle est franchement très navrant.

La Fièvre de Petrov
6.6
130.

La Fièvre de Petrov (2020)

Petrovy v grippe

2 h 25 min. Sortie : 1 décembre 2021 (). Comédie dramatique, Fantastique

Film de Kirill Serebrennikov

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

Regarder "La Fièvre de Petrov" quand on n'accroche pas au parti pris narratif de Serebrennikov et qu'on se fait traîner pendant 2h20 est une expérience cinématographique particulièrement désagréable. Elles m'ont paru interminables, ces plus de deux heures, et elles m'ont enfermé dans une position dans laquelle j'ai subi absolument tout le film. Ses allers-retours temporels, ses immixtions hallucinées dans la réalité, ses séquences fantasmées qui repartent aussi vite qu'elles sont arrivées : je n'ai pas trop de mal à imaginer que quand on est pris par l'exercice de style ce sont autant d'outils qui participent à créer une ambiance originale. Mais à l'inverse, quand on reste circonspect devant un tel étalage d'artifices, on a la sensation qu’une armada d'effets tape-à-l'œil sont déployés pour nous malmener dans tous les sens possibles.

Assez vite le côté tapageur a chez moi pris le dessus. Là où il s'accommodait bien de son sujet dans "Leto", il projette des éclats désagréables dans toutes les directions qu'il explore ici. Le plus évident est probablement logé dans les effets directement visibles, les sursauts de violence (un gamin à qui on tranche la gorge parce qu'il énerve) ou de nudité (le protagoniste enfant regardant ses parents à poil au petit-déjeuner). Même la première irruption du regard halluciné donne le ton en réalité : dans le bus des gens sont mécontents des dirigeants et zou, scène suivante, on sort du bus et on but une rangée de personnes en costumes bien alignées face à un mur. Sous prétexte qu'on parle d'un auteur de bandes dessinées, bourré et fiévreux qui plus est, on a le sentiment que Serebrennikov se permet à peu près n'importe quoi. En tous cas j'ai très mal é cette longue déambulation alcoolisée et hallucinée.

J'ai lu des comparaisons avec Kusturica, Jeunet ou Gilliam et je les toruve fondées. Mais ici ça vire au trip baroque dans lequel on ne m'a donné aucune opportunité de m'y perdre. Je suis resté au bord du chemin, condamné à observer de très loin le volcan entrer en éruption 30 fois de suite comme on observe avec beaucoup de gêne l'expression d'une hystérie puissante et maniérée. Un film qui me laisse l'arrière-goût amer de l'audace ratée, perdue entre de nombreuses pirouettes poétiques et des soliloques pénibles censés structurer un discours (malheureusement inintelligible) sur la Russie contemporaine.

Un jeu risqué
7.1
131.

Un jeu risqué (1955)

Wichita

1 h 21 min. Sortie : 20 juillet 1956 (). Western, Romance

Film de Jacques Tourneur

une critique.

Annotation :

Ce n'est pas le premier western de Jacques Tourneur que je vois (et pas le premier avec Joel McCrea non plus d'ailleurs) mais il y a dans "Wichita" une approche que je trouve très différente de celle de "Stars in My Crown", une forme d'humilité, de tranquillité et de calme qu'on retrouve rarement dans ce genre cinématographique. Peut-être que la paternité du projet, à chercher du côté d'un réalisateur français (certes exilé aux États-Unis pour la plupart de sa carrière il me semble), y est pour quelque chose dans cette démarche différente du tout-venant en la matière.

Je n'ai jamais été jusqu'à présent espanté par le style de McCrea mais c'est précisément sa distance et sa manifestation très limitée des émotions qui lui confèrent ici une aura particulière, le seul personnage qui semble sensible aux injustices et qui se donne la peine de lutter contre. Il incarne à ce titre un Wyatt Earp assez blême, à la fois apaisé, sûr de la position à adopter, et courageux face à l'adversité. Mais étonnement ce n'est pas un courage de bonhomme mis en avant comme classiquement dans un western, c'est plus du registre du taiseux et du bienfaiteur silencieux — et en ce sens quand même pas mal avant-gardiste en plein milieu des années 1950.

On ne peut pas dire que l'intrigue soit foisonnante ni même particulièrement ionnante en soi, on manipule les archétypes du genre et ce n'est que la configuration particulière qui en fait un film intéressant. Et le plus intéressant se situe très clairement du côté de la règle que le marshal s'échinera à faire respecter : l'interdiction du port d'armes en ville (notamment suite à des coups de feu qui ont conduit à la mort d'un enfant de 5 ans du nom de... Michael Jackson), ce qui le mettra en opposition avec les malfrats mais aussi les notables du coin car elle pourrait nuire aux activités marchandes locales. L'intérêt n'est pas démentiel, le charisme est un peu absent du casting, Vera Miles semble trop peu exploitée, mais ça reste convenable. En tous cas une facette supplémentaire dans la carrière hétérogène de Tourneur fils.

Le Groupe
6.5
132.

Le Groupe (1966)

The Group

2 h 30 min. Sortie : 11 octobre 1967 (). Drame

Film de Sidney Lumet

une critique.

Annotation :

Drôle de film de la part de Sidney Lumet, coincé (pour ne pas dire écrabouillé) entre "Fail-Safe" et "The Hill" sortis juste avant en 1964 et 1965 puis "The Offence" en 1972 — il a réalisé d'autres films à la fin des années 1960 mais je ne les ai pas vus. Un film choral, chose rare chez le réalisateur et à cette période, qui a malheureusement assez mal résisté au temps et qui a vraiment mal vieilli si on le compare à d'autres de ses films de l'époque. Notamment sur le plan esthétique, sans doute accentué par le fait qu'il s'agit d'une reconstitution d'une époque antérieure de trois décennies, le visionnage est assez peu engageant. Si l'on ajoute à cela la durée vraiment excessive qui s'atteint en ayant multiplié les saynètes un peu juxtaposées sans grand fil rouge d'ensemble, on peut avoir une bonne synthèse des raisons qui m'ont rebuté dans "The Group".

Pourtant il s'agit de Lumet, c'est-à-dire pas le dernier des tâcherons, à une époque où il carburait assez bien. Les débuts sont prometteurs, et annonciateurs en un sens puisqu'on sent que la présentation de ces huit femmes au début des années 1930, promises à de beaux avenirs dès leur sortie diplômée d'une prestigieuse université, se fait dans une ambiance un peu chargée, comme trop optimiste — et la suite démontrera à quel point ce sentiment était sensé... Leurs espérances se heurteront violemment contre le mur d'une société qu'elle n'avait pas imaginée ou anticipée, principalement à cause d'une composante patriarcale se mettant en travers de leur émancipation, mais aussi un peu à cause de ce qui se trame en Europe au même moment.

Ce qui à mes yeux porte le plus préjudice à l'adhésion d'ensemble peut se résumer à la succession de petits tableaux illustrant de nombreux échecs protéiformes, comme si le film ne prenait pas assez le soin de créer du liant ou de faire durer les ambiances. Il y a un petit côté zapping, avec les huit portraits à assurer en parallèle, qui coupe sans arrêt les progressions dans leur lancée, c'est assez pénible. La vision adopte une posture clairement féministe (selon les codes de l'époque : la conception de l'hystérie et des grosses tartes dans la gueule fait un peu mal à voir) et épouse aussi l'évolution politique, économique et sociale des États-Unis, post-Grande Dépression, mais ne délivrant pas toutes ses promesses.

Suite
https://senscritique.voiranime.info/liste/Top_films_1966/374033?page=3

Une année difficile
5.4
133.

Une année difficile (2023)

2 h. Sortie : 18 octobre 2023. Comédie

Film de Eric Toledano

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

Très bon archétype du cinéma de Éric Toledano et Olivier Nakache, à savoir une thématique contemporaine (hier c'était le handicap, le sort des immigrés, aujourd'hui c'est l'écologie et le surendettement) mélangée à une sauce épaisse à base de comédie naze et de bons sentiments que vient mettre en lumière un scénario parfaitement convenu de A à Z. La manipulation des clichés requiert manifestement une dextérité dont les deux réalisateurs ne disposent pas et loin de les faire émulsionner en quelque chose de drôle et sensé, on assiste en toute impuissance à un triste spectacle qui donne l'impression de vouloir faire le portrait de notre époque avec une prétention assez folle (tant sur le fond que sur la forme) alors que le résultat est affligeant. Je ne sais pas comment le dire plus gentiment.

Et franchement, qui ne commencerait pas à en avoir marre de Jonathan Cohen pour la cinquantième fois dans le même rôle de gentil manipulateur adepte des gros bobards en rafale ? Et Pio Marmaï dans celui du gentil benêt instinctif qui pige que dalle à la psychologie de son environnement ? Dans la toile de fond on peut compter sur Noémie Merlant pour incarner une activiste archi-bourgeoise qui s'initie à la décroissance (facile de vivre avec trois fois rien dans son immense appartement parisien) et Grégoire Leprince-Ringuet en guise de pôle sentimental antagoniste à trois balles. Voir Mathieu Amalric dans ce triste spectacle, avec une tentative de comique de répétition (il bosse dans une asso qui aide les personnes en situation d'endettement mais essaie de s'infiltrer dans un casino où il est blacklisté à l'aide de fausses moustache et barbe, quelle marrade), fout franchement le moral à zéro.

Le duo essaie en toute sincérité il me semble de montrer des militants s'organiser et agir, et ne se rendent peut-être pas compte qu'ils se focalisent sur les choses les plus puériles, comme si la pensée climatologique contemporaine se résumait à cela... La satire a du bon, mais il y a vraiment une pauvreté intellectuelle désarmante, que vient compléter des gimmicks franchement gênants — la femme qui a un crush sur Cohen — et une musique putassière à souhait : Brel, Hendrix et les Doors à gros sabots. Un film gênant de bêtise.

Djihadistes de père en fils
7.6
134.

Djihadistes de père en fils (2017)

Kinder des Kalifats

1 h 39 min. Sortie : 2017 (Allemagne). Guerre

Documentaire de Talal Derki

une critique.

Annotation :

Toutes les cases du documentaire d'exception sont cochées : sujet en or, immersion absolue, travail de préparation conséquent, suivi au très long cours, peu de commentaires, et surtout, probablement le plus important sur des thématiques aussi extrêmes, une neutralité sans faille dans la captation du phénomène observé. Une question finalement assez simple que l'on peut se poser systématiquement à l'issue de visionnages de cet ordre pour en évaluer la pertinence de la retranscription : que penseraient du contenu les personnes filmées ou des personnes ayant des points de vue opposées vis-à-vis de la thématique ? J'ai l'intime conviction que tous les partis n'auraient rien à redire concernant les faits exposés dans "Of Fathers and Sons", et c'est à mes yeux la marque d'un documentaire a minima digne de respect.

Cela étant posé dans un cadre le plus abstrait qui soit, il faut quand même maintenant aborder le vif du sujet, annoncé de manière très explicite par le titre français. Talal Derki, réalisateur kurde syrien exilé en Allemagne, est parvenu à retourner dans sa Syrie natale, gagner la confiance d'une famille de djihadistes salafistes (grâce à ses s et amis photographes locaux) appartenant au Front al-Nosra, et partager leur quotidien sur une durée proprement hallucinante, 330 jours répartis sur un peu plus de trois années après avoir pris le soin d'effacer son identité sur internet. Il faut vraiment voir l'ampleur de l'horreur pour réaliser le danger d'une telle captation documentaire : c'est un univers dans lequel des gamins de même pas dix ans apprennent à caillasser les filles ne portant pas le hijab (avec l'assentiment enjoué des pères), à manipuler pistolets et AK-47, et à jouer en fabriquant de fausses mines antipersonnel (l'équivalent local du coca + mentos disons). Un monde désolé, délabré, uniquement fait de terrains vagues et d'habitations primaires, où l'on va tirer au sniper sur des infidèles pour s'am avec les copains un peu comme on jouerait aux jeux-vidéo. C'est presque banal, parfaitement naturel, et par contre glaçant au plus haut point.

À noter que Talal Derki a décidé de ne plus retourner en Syrie le jour où il a appris qu'un djihadiste tunisien très dangereux cherchait à le rencontrer : deux mois plus tard, il se faisait tatouer le bras et percer une oreille pour sceller définitivement l'impossibilité de revenir auprès des fous furieux de dieu.

Suite
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Ocean's Thirteen
5.7
135.

Ocean's Thirteen (2007)

2 h 02 min. Sortie : 20 juin 2007 (). Policier, Thriller, Comédie

Film de Steven Soderbergh

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

Dernier volet de la trilogie (sans achever pour autant le marathon "Ocean's" puisqu'il y a le film de 1960, celui avec Sandra Bullock, et Jay Roach nous prépare encore un autre morceau : ionnant) qui réalise l'exploit d'être plus nul mais moins désagréable, et donc à mes yeux plus aimable. C'est farci mauvais choix, de partis pris nazes, et d'inconsistances scénaristiques alignées à une fréquence suffisamment folle que les unes chassent les autres. On a par exemple un Al Pacino qui se demande ce qu'il fout là dans le rôle d'Andy Garcia de "Ocean's Eleven", ce dernier voulant foutre en l'air l'ouverture du grand casino du premier, on a Vincent Cassel qui fait de la figuration pour meubler une ou deux minutes dans une parfaite inutilité, et le plus grand numéro de prestidigitation se situe probablement au niveau du casting censé être étendu mais qui se contente de faire de la micro-figuration en marge des prestations du trio de tête Clooney-Pitt-Damon — et encore, ce dernier reste lui-même assez marginal, si l'on excepte le numéro final où il drague une femme âgée dans le but de sécuriser le vol de diamants.

On se contrefout pas mal des termes de ce troisième coup, c'est de toute façon totalement arbitraire, il n'y a que les scénaristes pour croire que ça peut fonctionner et que tout se déroule exactement comme planifié. Ça n'a vraiment aucun sens, c'est une mécanique insipide baignant dans une paresse tétanisante. Zéro intérêt notable.

La Maison des Sévices
6.8
136.

La Maison des Sévices (2006)

Masters of Horror: Imprint

1 h. Sortie : 7 avril 2006 (Canada). Épouvante-Horreur

Téléfilm de Takashi Miike

une critique.

Annotation :

Takashi Miike en mode bonus craspouille, c'est quelque chose. Manifestement "Visitor Q" restera en toute probabilité le film le plus amoral (mais aussi englué dans son amateurisme qui limite grandement sa portée) mais ce film issu de la série horrifique des "Master of Horror" peut prétendre à la palme de la chose la plus ignoble qui soit dans sa filmographie — devant les ages hardcore de "Audition" avec lequel il partage quelques points communs en matière de torture.

Le format de 1 heure contraint quelque peu l'intrigue et oblige à une forme de concision qui nuit légèrement à l'immersion : on va un peu trop droit au but à mon goût, même si ce n'est pas sans mérites. Pas de circonvolutions, on arrive directement dans le XIXe siècle japonais avec un journaliste américain venu retrouver sa bien-aimée sur une île peuplée de prostituées et recouverte de secrets. En ant la nuit avec une prostituée pas vraiment comme les autres, la porte des cauchemars est laissée grande ouverte.

"La Maison des sévices" (aka Imprint) est un concentré de glauque absolu dès lors que le récit amorcé en flashbacks successifs par la prostituée défigurée essaie de nous dévoiler le sort de la dulcinée. C'est un peu facile parce que le film a recours au flashbacks-mensonges, alors qu'on est évidemment obligé de croire ce qui nous est montré. Mais il n'empêche que Miike se délecte de la gradation dans l'horreur : d'une part, il se régale de nous malmener avec la torture subie par la pauvre femme, qui se fait malmener par les autres filles de la maison close — Miike a visiblement un penchant pour les aiguilles, et ici ce n'est plus plantées dans les yeux comme dans "Audition" mais sous les ongles et dans les gencives —, et d'autre part il raconte le é atroce de la narratrice, fruit d'un inceste, survivante d'une mère qui balançait tous ses fœtus à la rivière. On nous révèlera le comble de l'horreur, l'existence d'une mini sœur jumelle localisée au niveau de sa tête et matérialisée par une main avec yeux et dents, bref, bizarre total. Du bien costaud en termes d'horreur, et finalement le plus dérangeant à mes yeux dans l'histoire, c'est le jeu de Billy Drago qui à travers ses expressions donne l'impression d'être sous acides ultra puissants. Ça, c'est vraiment embarrassant.

Saw VI
4.5
137.

Saw VI (2009)

1 h 30 min. Sortie : 4 novembre 2009 (). Épouvante-Horreur

Film de Kevin Greutert

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

À force de m'exposer à l'horreur des films de la série des "Saw", j'ai vraisemblablement développé une forme d'accoutumance à cet univers fabriqué sur une charpente en carton à base de non-sens absolu, ce qui donne parfois l'impression d'une cohérence d'ensemble très vague, comme si ces tortures, ce vieux bâtiment désaffecté servant d'unique décor, ces acteurs plus bas que terre et cette prétendue justification des sévices finissait par former quelque chose de raisonnable. N'importe quoi, bien évidemment, mais en tous cas à ma grande surprise dans ce foutoir sans nom, plus les films ent et plus les visionnages perdent en pénibilité.

Bon avec un peu de pragmatisme, on est forcé de constater la catastrophe du cas du détective Hoffman (interprété par la saucisse en chef Costas Mandylor, fidèle à lui-même), et franchement les événements qui le lient à John Kramer et sa femme Jill Tuck deviennent de plus en plus abscons — alors qu'on partait déjà d'un niveau initial particulièrement élevé. Franchement, l'enquête du FBI qui se resserre sur lui et sa façon de s'en sortir (avec petit bonus "bras du suspect congelé" sous le coude) confine au néant. Cet épisode se concentre sur un nouveau personnage à maltraiter sorti de nulle-part et joue la carte du jouissif : qui n'a jamais souhaité du mal à une compagnie d'assurance ? Ici c'est Peter Outerbridge qui s'y colle, le docteur David Sandström de Regenesis, et il va er un sale quart d'heure. Comme toujours, il y a une prétention morale derrière tout cela (Jigsaw a beau être mort depuis 15 épisodes, il continue à œuvrer grâce à ses cassettes pré-enregistrées, la magie de la technologie), et bon, encore plus aux États-Unis, les raisons de condamner un assureur cupide ne manquent pas.

Dans ce volet un soin tout particulier est accordé au travail sur les bruitages, il me semble que le conditionnement des chairs et des os n'a jamais été aussi intelligible sur le plan sonore. Malheureusement, plus la série avance et plus elle cherche à expliquer les agissements du grand méchant, et forcément, on se retrouve face à un tableau peu glorieux d'un gars sénile et un peu caractériel sur les bords qui se prend pour un démiurge (pervers). Encore un segment qui tente de raccrocher péniblement les wagons, globalement vain et inutile, mais moins désagréable que les deux ou trois précédents.

Transformers 3 - La Face cachée de la Lune
4.4
138.

Transformers 3 - La Face cachée de la Lune (2011)

Transformers: Dark of the Moon

2 h 34 min. Sortie : 29 juin 2011. Action, Aventure, Science-fiction

Film de Michael Bay

Morrinson a mis 2/10.

Annotation :

Je vais finir par trouver ces films sincèrement drôles, il faut que je fasse attention à ma boulimie masochiste cinématographique. Bay à 200 millions de dollars pour faire un pavé d'action et de science-fiction en recopiant ce qui a déjà été usé en long en large et en travers dans les deux précédents volets, et nous ressert à ce titre la même menace de la planète par le même combat opposant les deux mêmes antagonistes robotiques, avec les mêmes grandes formules magiques états-uniennes, soit en version courte "For today, in the name of freedom, we take the battle to them!" soit en evrsion longue "In any war, there are calms between the storms. There will be days when we lose faith, days when our allies turn against us. But the day will never come, that we forsake this planet and its people." Sans surprise c'est épuisant. Il y a manifestement une très forte corrélation négative entre les capacités techniques et la densité scénaristique, à tel point qu'on a la sensation de sortir d'une séance de 2h30 ée à se faire écraser les yeux et la cervelle sous un rouleau-compresseur. Les particularités de ce troisième élément résident dans l'affichage de nouvelles trombines, en l'occurrence s McDormand et John Malkovich (et en bonus la voix de Leonard Nimoy, référence à Star Trek, tout ça tout ça), tout à fait inutiles et oubliés, ainsi qu'une proposition de relecture de l'histoire qui se veut très drôle et pertinente — la conquête de la lune et l'explosion de Tchernobyl vues à travers le prisme de l'arrivée des robots extra-terrestres dans le champ de notre galaxie. Pour le reste, c'est rigoureusement la même formule livrée en mode gavage, avec Megan Fox virée (pour avoir comparé Bay à Hitler sur le tournage) et remplacée par un autre mannequin en plastique interchangeable, avec une première heure comédie-action et le reste science-fiction pyrotechnique de gros bourrin. Ce final a un petit côté "Avengers" avant l'heure avec son invasion planétaire et sa horde de super-héros qui tentent de sauver le monde, agrémenté à la sauce de tous les excès d'un "Fast and Furious" des débuts. Et accessoirement c'est la première fois que la violence du matraquage en matière de placement de produits m'a autant donné la nausée — toute l'histoire du néocapitalisme (américain surtout) à travers ses marques, Smeg, Adidas, Nike, Lenovo, Apple, Mercedes, Chevrolet, Cisco, Budweiser, Nokia, FedEx, etc.

La Salle des profs
6.8
139.

La Salle des profs (2023)

Das Lehrerzimmer

1 h 39 min. Sortie : 6 mars 2024 (). Drame

Film de İlker Çatak

une critique.

Annotation :

Il n'aurait pas fallu grand-chose de supplémentaire dans la formulation des enjeux et dans le déroulement de la résolution pour que "Das Lehrerzimmer" atteigne un niveau vraiment supérieur. Il y a beaucoup de bonnes intentions thématiques et artistiques dans la description faite par İlker Çatak du cadre (un collège avec une grande diversité de profils psychologiques chez les enfants comme chez les encadrants), de la problématique (la répétition de vols dans l'établissement touchant élèves comme professeurs), et de marche inarrêtable de la rumeur (il y en a beaucoup qui se croisent, entre celle sur un élève soupçonné par ses camarades, celle sur une adulte qu'on voit voler de l'argent dans une tirelire, celle sur la personne accusée d'un vol d'argent, et au final celle sur ce qu'aurait dit / fait l'enseignante protagoniste).

"La Salle des profs" s'amuse à montrer à quel point une personne, même avec les meilleures intentions du monde et équipée de très bons moyens pédagogiques, peut très bien déclencher un chaos total tout en croyant bien faire. Le film e pas mal de temps à nous présenter le personnage de Leonie Benesch, comment elle gère sa classe, comment elle fait preuve d'une grande équité dans le traitement des autres, comment elle fait preuve de méthode avant d'avancer en toutes circonstances. Cela ne l'empêchera pas de mal faire malgré tout, malgré elle. À mi-parcours, peut-être en lien avec la nature de la société allemande observée, on s'engage dans un sentier aux contours beaucoup mieux définis qui ont trait à la question de l'intégration des personnes d'origine étrangère, tant du point de vue de ces personnes-là (ce qu'elles veulent cacher ou assumer) que des stéréotypes véhiculés par les autres. C'est assez bien fait, ça rentre dans le sujet sincèrement sans pour autant oublier de manier souvent un minimum de subtilité.

Le film vaut surtout pour son récit qui multiplie les multiples crises évoluant en parallèle et finissant par se superposer dans le chaos. Il y a quelques moments importants qui auraient mérité un peu plus de tact (le age à l'accusation sur la base d'un bout de vêtement constituant une preuve partielle, le final un peu trop ouvert et facile à mon goût), mais en un sens ce défaut est compensé par une ambiance anxiogène qui se noue progressivement pour atteindre un niveau de tension assez prenant dans lequel la prof est prise en étau selon 4 ou 5 perspectives différentes.

Vivre libre
7
140.

Vivre libre (1943)

This Land is Mine

1 h 43 min. Sortie : 10 juillet 1946 (). Drame, Guerre

Film de Jean Renoir

une critique.

Annotation :

Ce n'est pas la première fois que je trouve le style de Jean Renoir très crispant (alors qu'il est l'auteur d'un des plus grands drames en temps de guerre à mes yeux, "La Grande Illusion"), et ce troisième film de la série des six réalisés aux États-Unis ne va pas me réconcilier avec lui sur ce sujet. Un film de commande, un film de propagande en temps de guerre, situé pendant l'occupation dans un pays indéterminé quelque part en Europe — il s'agit de la évidemment — et un film sur un personnage écrit de manière vraiment grossière sous les traits de Charles Laughton en instituteur vieux garçon amoureux d'une femme fiancée à quelqu'un d'autre. Le but étant de montrer un village français occupé par des nazis qui ressemblent davantage à des méchants d'opérette dans lequel on nous montre comment un citoyen lâche et peureux devient brave et courageux.

Renoir y va avec la truelle taille XXL pour nous construire son récit où tout est artificiel, les relations entre les habitants, les sentiments, l'oppression, la résistance... Cette direction d'acteur particulièrement rigide et ce scénario parfaitement vulgaire ne se souciant pas de la subtilité minimale requise pour décrire les actions est vraiment caractéristique d'une partie de son œuvre et je n'adhère vraiment pas du tout. Une scène pour l'exemple : le fiancé collabo, qui vient de lâcher une colombe par la fenêtre (qu'un nazi voulait bouffer) après avoir eu un sursaut de culpabilité, se suicide en se tirant une balle dans la tête pile au moment où le protagoniste débarque dans son bureau, ramasse l'arme, et se fait surprendre par une tierce personne avant d'être accusé du meurtre... Grotesque et grossièrement écrit, désamorçant totalement les enjeux recherchés.

Indépendamment de ces horreurs scénaristiques et de mise en scène, je trouve que Laughton est à des années-lumière de ce dont il est capable, Kent Smith campe un résistant sans âme et sans vie (en tant que personnage), Maureen O'Hara sert avant tout de faire-valoir peu intéressant et George Sanders fait office de petit ami collabo notoire franchement pas très impliqué dans son rôle. Et le personnage de la mère de Laughton est à l'avenant. Décidément, il y a quelques réalisateurs comme Lang et Hitchcock dont les virées nord-américaines ne me convainquent pas le moins du monde, avec un style européen implanté à Hollywood sans résultat positif, pétri de caricatures difficiles à avaler. Pas le portrait du courage le plus éloquent.

Alice n'est plus ici
6.9
141.

Alice n'est plus ici (1974)

Alice Doesn't Live Here Anymore

1 h 52 min. Sortie : 30 mai 1975 (). Drame, Romance, Comédie

Film de Martin Scorsese

Morrinson a mis 6/10.

Annotation :

De la part de Scorsese "Alice Doesn't Live Here Anymore" est un film un peu curieux, prenant pour personnage central une femme (Ellen Burstyn) au bord de multiples crises de nerfs, lui qui ne s'est jamais vraiment intéressé de près aux composantes féminines de ses castings — s'il s'agissait d'un film de commande coincé entre "Mean Streets" et "Taxi Driver", ce qui est vraisemblablement le cas on pourrait comprendre l'anomalie comme quelque chose qui s'est imposé à lui. Portrait d'une femme elle aussi coincée entre deux pôles, des désillusions puissantes et une profonde indécision, presque constitutive, existentielle en tout état de cause. Une femme, une mère, une chanteuse, une paumée, dont l'univers semble régi par une succession de contradictions l'empêchant d'y voir clair et d'avancer sereinement.

Un pur produit des années 70 états-uniennes, à mi-chemin entre le road movie et la romance néo-hippie. C'est la mort de son mari (pourtant pas particulièrement aimant qui provoquera l'étincelle du changement et poussera Alice Hyatt à prendre la route avec son marmot de 11 ans (gros concentré d'inable) et part explorer l'Arizona dans l'espoir de devenir chanteuse de bar. Des rêves qui seront malmenés, on s'en doute un peu, à commencer par les mauvaises rencontres sur le chemin. Dans ce registre on peut compter sur la présence de Harvey Keitel dans le rôle d'un amant violent, toujours aussi marquant dans son charisme malsain et plein de pulsions — franchement sous-exploité à mon sens ici. Dans un second temps, elle fera une autre rencontre, pas idyllique mais beaucoup moins toxique, en la personne de Kris Kristofferson quasi débutant (dont la réputation vient de connaître un sursaut notable grâce à Sam Peckinpah, "Pat Garrett et Billy le Kid" et "Bring me the Head of Alfredo Garcia"), qui sous certains aspects ressemble un peu au prince charmant qui viendra la sauver de sa condition de serveuse dans un bar miteux. Au titre des particularités de casting, on remarque Jodie Foster dans un petit rôle d'enfant et garçon manqué au bagout immense, ainsi qu'une micro-figuration de Laura Dern qui ne doit pas avoir 7 ans.

Un parcours semé d'embûches, un portrait féminin plutôt moderne, et un personnage qui suivait le sillon des écritures plus complexes que ce qui se faisait traditionnellement à l'époque.

Werner Herzog, cinéaste de l'impossible
6.8
142.

Werner Herzog, cinéaste de l'impossible (2022)

Werner Herzog - Radical Dreamer

1 h 42 min. Sortie : 29 novembre 2023 (). Portrait, Cinéma

Documentaire de Thomas von Steinaecker

une critique.

Annotation :

Le documentaire de Thomas von Steinaecker propose un tour d'horizon sous la forme d'une rétrospective assez mainstream sur la carrière de Herzog, pouvant servir d'aperçu vis-à-vis de ceux qui ne se seraient pas encore totalement immergés dans sa filmographie étendue et délivrant quelques sucreries éparses aux groupies dont je fais partie. C'est un résumé assez sincère qui se concentre sur les régions les plus célèbres du réalisateur — disons pour résumer qu'on e beaucoup de temps quand Kinski s'énerve sur "Aguirre" mais aucun mot sur des films plus complexes comme "L'Énigme de Kaspar Ha" ou "Cœur de verre" — et qui brosse un portrait attachant en compagnie de Werner l'octogénaire qui a récemment joué dans "The Mandalorian".

Personnellement je me suis plus attaché à ce personnage, le vieil Herzog, qu'au reste. Un doux, très posé, avec la bonne dose de malice discrète qui fait son charme ainsi que cet accent lorsqu'il parle anglais qui a sans doute le plus fortement contribué à sa renommée aux États-Unis (le docu insiste sur le personnage des Simpsons qu'il a inspiré) et au portrait de l'homme allemand. En tous cas l'équilibre entre les images d'archives et les échanges plus directs est agréable, et même si en 1h30 on fait l'ime sur une quantité astronomique de choses essentielles, le résultat reste attachant. Il me semble ne l'avoir jamais lu au sujet de son enfance, et ici on en apprend quelques détails, sa jeunesse sans père, la faim récurrente, etc.

Les intervenants sont nombreux et pas toujours très pertinents (je trouve que Kidman, Pattinson, Zhao, comme d'autres, font partie des points faibles), mais c'est compensé par les anecdotes qu'il est toujours agréable d'écouter, sa marche pour redre Lotte Eisner malade à Paris en 1974 (racontée dans "Sur le chemin des glaces"), son calme hallucinant alors qu'il s'est fait tirer dessus à la carabine à air comprimé en pleine interview sur les hauteurs de Hollywood, la chaussure mangée suite à un pari perdu, les séances d'hypnose sur un tournage, l'épisode du bateau dans "Fitzcarraldo", la liste est interminable. Et avec Herzog, on ne sait jamais où on se situe sur l'échelle de la vérité quand il nous raconte qu'il ne rêve jamais, quand il prend ses airs si singuliers pour affirmer "I've always wanted to fly. It's an injustice from nature that we don't have wings", quand il nous dit qu'on possède tous un paysage qui correspond à notre âme...

143.

Pamir (1927)

Pamir, krisha mira

1 h 11 min. Sortie : 14 février 1928 (Union Soviétique). Muet

Documentaire de Vladimir Erofeyev

une critique.

Annotation :

De vieilles bobines abîmées par le temps agrémentées d'une piste sonore dissonante et anachronique qui vaut le détour pour la rareté du matériau autant que pour le sujet : une expédition russe et allemande montée pour aller explorer le massif alors inexploré du Pamir, point culminant de l'Union soviétique situé à l'est de l'actuel Tadjikistan ayant des ramifications jusqu'en Afghanistan, en Chine et au Kirghizistan. Le but de cette mission scientifique était de cartographier la région mais aussi de tenter l'ascension des sommets locaux (des cols à près de 6000 mètres d'altitude et des pics au-delà de 7000 mètres).

Comme de nombreux documentaires de l'époque, au hasard "L'Épopée de l'Everest" de J. B. L. Noel (1924), une bonne partie est consacrée à une sorte d'étude ethnographique des populations locales croisées en chemin, tandis que l'expédition traverse rivières, montagnes et glaciers. De longs moments sont ainsi dédiés aux coutumes et à l'artisanat des groupes d'agriculteurs et d'éleveurs observés en toute sérénité, de la pratique de religions à la consommation d'opium. On devine ainsi la diversité de la mission qui comptait dans ses rangs des géologistes, des ethnographes, des cinéastes, des alpinistes et divers chercheurs issus de disciplines variées. Dans le style des documentaires d'exploration aux pôles comme "South" de Frank Hurley (1919), le projet de l'exploration est présenté à l'aide d'une carte animée montrant les lieux traversés ainsi que la trajectoire prévue (et souvent adaptée aux imprévus), de Moscou jusqu'en Asie centrale, avec pour objectif l'établissement d'un camp de base à Och, au Kirghizistan actuel.

Une partie essentielle de ces voyages antédiluviens porte sur les préparatifs et les moyens de locomotion des vivres, c'est-à-dire ici les centaines de chevaux et de chameaux réquisitionnés pour l'occasion. La partie ethnographique la plus saisissante est probablement celle qui s'intéresse à une tribu kirghize nomade et ses moyens de subsistance — essentiellement de la fabrication de produits laitiers à base de lait de chèvre et de jument, mais aussi la confection de vêtements ou la construction de yourtes, une communauté vivant en parfaite autonomie. À cette époque où la terre n'était pas cartographiée par satellite, ces gens partaient pendant des mois pour découvrir de nouveaux glaciers, s'improvisaient orpailleurs à 5000 mètres d'altitude, et partaient à la rencontre de populations sur lesquelles ils n'avaient aucune information.

Daaaaaalí !
6.1
144.

Daaaaaalí ! (2023)

1 h 18 min. Sortie : 7 février 2024. Comédie

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

Morrinson a mis 5/10.

Annotation :

La frontière entre le hold-up raté et le hold-up réussi est toujours mince chez Dupieux et ce n'est pas ce faux biopic sur Dalí qui changera cette sensation. En grand amateur du peintre surréaliste catalan, j'avoue avoir autant ri qu'été déçu, mais force est de constater que derrière la montagne de gags potaches il y a quelque chose de presque ionnant dans cette volonté de faire transiter les lubies du maître vers le cinéma, à commencer par le travail sur le temps et l'espace comme une texture molle et malléable.

Ce que je n'avais absolument pas anticipé, c'est l'héritage de Buñuel (avec qui il a écrit le scénario de "Un chien andalou") qui pèse sur Dupieux, et notamment "Le Charme discret de la bourgeoisie" cité de manière presque explicite dans l'empêchement sans cesse prolongé que subit la protagoniste jouée par Anaïs Demoustier vis-à-vis de l'interview maudite. C'est comme si deux registres se télescopaient de manière pas toujours contrôlée, et autant j'ai apprécié les changements incessants d'interprètes (Édouard Baer et Jonathan Cohen, sans doute les plus convaincants, et Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Didier Flamand, et Boris Gillot), autant les délires potaches très caractéristiques du style Dupieux (le rêve dans le rêve dans le rêve ou la fin dans la fin dans la fin) m'ont paru un peu poussifs pour le coup, un peu trop ouvertement gadgets. Et en marge de tout ça, comme une surcouche supplémentaire bine gratinée, un discours satirique sur le monde de la production essentiellement concentré dans le personnage de Romain Duris.

Même s'il y a un côté un peu trop artificiel dans la répétition, je trouve malgré tout que le style de Dupieux s'emboîte étonnamment bien dans celui de Dalí, avec un petit côté "bon sang mais c'est bien sûr". Les reprises de nombre de ses déclarations en interviews m'ont personnellement fait beaucoup rigoler, tellement on dirait des caricatures — mais Dalí s'amusait déjà beaucoup de ces caricatures. Quelques citations de tableaux, La Harpe invisible, fine et moyenne / Fontaine nécrophilique coulant d’un piano à queue / Dalí de dos peignant Gala de dos éternisée par six cornées virtuelles provisoirement réfléchies dans six vrais miroirs, la peur de la mort, une citation bien sentie "je suis vide, je suis plein, excentrique, concentrique, monarchique, anarchiste", et c'est suffisant.

Bob Dylan : No Direction Home
7.7
145.

Bob Dylan : No Direction Home (2005)

No Direction Home: Bob Dylan

3 h 28 min. Sortie : 9 novembre 2005 (). Biopic

Documentaire de Martin Scorsese

une critique.

Annotation :

La plus-value est rare je trouve au sein des documentaires consacrés à des grandes figures connues de l'histoire musicale, qui souvent se transforment en panégyriques consensuels ne faisant guère mieux qu'une synthèse en images de la page Wikipédia correspondante. En toute sincérité je pensais que ce serait le cas pour Martin Scorsese avec "No Direction Home: Bob Dylan", dans lequel il a officié pas vraiment en tant que réalisateur mais en tant que monteur, puisque il a repris un projet et des enregistrements de concerts ou d'entretiens d'époque ou plus contemporains. C'est donc contre mes a priori que ces 3h30 ont développé un portrait très intéressant et sincère consacré à une partie bien identifiée de la carrière de Dylan, de ses débuts en 1961 jusqu'à l'accident de moto (c'est en tous cas l'argument officiel) de 1966 qui mit un coup d'arrêt à ses tournées pendant 8 ans.

Un docu au long cours qui prend le temps de déployer une certaine richesse d'interviews, globalement chronologique hormis peut-être des interruptions épisodiques au travers d'un échange plus récent (datant probablement du début des années 2000) dont des extraits sont régulièrement disséminés. Ce qui structure la partie "historique", c'est très clairement la grande transition de Dylan de la Folk un peu traditionnelle vers les sonorités plus électriques du Rock qui ont rendu fou une bonne partie de ses fans à l'époque — et qui dans le même temps lui ont permis d'atteindre un public qu'il n'aurait pu atteindre autrement. On peut grossièrement placer cette charnière au niveau d'un album, le mythique "Highway 61 Revisited", et le film donne à voir des images d'archive très à propos de la période, montrant Dylan sifflé et hué en concert, avec nombre de spectateurs mécontents qui râlent méchamment en quittant le concert. C'est assez drôle avec le recul.

Suite
https://senscritique.voiranime.info/liste/Top_films_2005/315510

La Zone d’intérêt
7.2
146.

La Zone d’intérêt (2023)

The Zone of Interest

1 h 45 min. Sortie : 31 janvier 2024 (). Drame, Historique, Guerre

Film de Jonathan Glazer

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

Le film de Jonathan Glazer (4 en 23 ans, il prend son temps) a le mérite de reposer la question appartenant à l'éternel débat sur la banalité du mal signée Hannah Arendt dans des termes qui changent des sentiers poncés jusqu'à la roche mère. Malgré tout je n'ai pu réprimer ce sentiment d'inconfort, derrière le parti pris très fortement revendiqué de montrer la famille d'un commandant d'Auschwitz vivant juste à côté du camp comme n'importe quelle famille allemande normale d'une autre époque, derrière cet appel clair au décentrement du regard et à l'appel au hors champ : si aucune image directe ne nous est montrée du camp, il reste malgré tout omniprésent et c'est dans le domaine de la suggestion que "The Zone of Interest" se fait très poussif.

On peut donc être poussif dans la bande sonore, notamment, puisque le film n'a de cesse de nous rappeler la présence de l'horreur absolue à quelques dizaines de mètres du jardin où s'amusent des enfants et où se prélassent des adultes. Des cris d'êtres humains en souf, des aboiements de chiens, des fours qui fonctionnent : Glazer va jusqu'à s'en am en faisant dire à des personnages, en substance "tu as entendu ce bruit ?", et là où le spectateur s'est focalisé sur un bruit du camp de concentration, les personnages faisaient référence à un oiseau qui ait par là. Deux perceptions totalement différentes, montrant bien comme les personnages se sont habitués au quotidien morbide — ce n'est pas le cas de tous, comme nous le rappellent la grand-mère (repartie, n'ayant pas é l'odeur), l'enfant (visiblement troublé par ce qui se trame), voire même le commandant Rudolf Höss lui-même dans ce qui s'apparente à un micro-sursaut moral à la toute fin, lorsqu'on nous montre sa nausée lors d'une descente d'escaliers entrecoupée d'images du musée à l'époque contemporaine. Le personnage interprété par Sandra Hüller incarne donc l'opposé dans cette bulle, puisqu'elle n'est visiblement intéressée que par sa situation et ses avantages. L'horreur provient aussi de quelques détails graphiques, la mise en service de fours crématoires ou le age d'un train dont la fumée dée tout juste au-dessus du mur délimitant le terrain — effet de style un peu grossier ici aussi d'ailleurs.

Suite
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Le Héros
7.2
147.

Le Héros (1966)

Nayak

2 h. Sortie : 13 avril 1994 (). Drame

Film de Satyajit Ray

une critique.

Annotation :

Ça faisait déjà quelques films chez Satyajit Ray que je me focalisais sur le symbole du train, notamment dans la trilogie d'Apu parmi les plus récents, et voilà que "Le Héros" aka Nayak y consacre la quasi-intégralité de son intrigue, en faisant d'un voyage en train vers New Delhi, entre deux grandes régions de l'Inde, une sorte de radiographie de la société indienne en parallèle de l'introspection d'une star de cinéma bengali.

Si je n'ai pas été inconditionnellement séduit par tous les scénarios des films de Ray que j'ai vus, il reste quand même assez rare que je le trouve un peu excessif dans sa démonstration. Dans cette figure de l'acteur imbu de lui-même en voyage pour recevoir un grand prix le récompensant, et confronté à une série de personnages / situations le contraignant à se remettre en question (c'est-à-dire tout ce que son extrême popularité ne le poussait pas à faire), je trouve que le cinéaste a eu la main bien lourde. À vrai dire même l'unique personnage qui lui tient tête, la journaliste féministe (interprétée par une fidèle, Sharmila Tagore) qui se trouve être la seule personne ne le prenant pas pour un héros intouchable, m'a un peu agacé dans la visibilité de ses coutures, tellement on voit pourquoi elle est là et où elle va amener le film.

On est malgré tout choyé, c'est un univers extrêmement soigné et très raffiné pour aborder la question d'une sorte d'exorcisation chez ce personnage qui souffre de multiples culpabilités derrière son assurance de façade. La toile de fond, garnie avec les multiples personnages ayant chacun une fonction bien déterminée, fait la part belle à une société gangrénée par la cupidité et l'arrivisme — la palme revenant à ce publicitaire prêt à utiliser sa femme pour obtenir l'assentiment de son patron, et cette femme prête à accepter à condition d'en tirer profit ailleurs. Ray démontre encore une fois sa facilité à insérer des visions relatives à l'imaginaire d'une grande force, ici au travers de deux cauchemars marquants chez le protagoniste. La morale est belle mais un peu pataude malgré tout : il n'y ait personne qui ne nécessite pas un peu d'empathie.

Second Tour
6
148.

Second Tour (2023)

1 h 35 min. Sortie : 25 octobre 2023. Comédie dramatique

Film de Albert Dupontel

Morrinson a mis 3/10.

Annotation :

Le constat est toujours le même chez Dupontel, c'est un type qui n'a pas l'air con quand on écoute ses interviews mais alors ses films sont particulièrement difficiles à digérer. On sent bien que tout cela est bien volontaire, la grossièreté des personnages, la prévisibilité des péripéties, les séquences émotions, les clichés de méchants, et plus généralement ce côté cartoon qui résume un peu le tout. Mais je ne peux m'empêcher d'y voir les restes d'un vieux punk anar un peu décrépi, formulant un discours un peu informe, et crachant sa bile de manière vraiment désordonnée et déstructurée.

Beau gratin, on sait s'entourer : Cécile de , Albert Dupontel himself, le très fidèle Nicolas Marié, et de manière plus épisodique Bouli Lanners, David Marsais, ou Philippe Duquesne. On peut même voir le juge Renaud Van Ruymbeke, ce qui est déjà plus étonnant. Mais ça n'accroche pas. L'histoire des jumeaux est racontée de la plus grotesque des manières, c'est poussif et pénible, et la poésie de Dupontel ne me parle absolument pas, même quand elle essaie de se faire idéaliste face au cynisme de notre époque. Le torrent de clichés est vraiment trop fort, les gentils, les méchants, malgré la caution cartoon ça reste très embarrassant. Le thriller politique se double d'une fable familiale sortant de nulle-part et ablement soporifique (le coup du gentil frère apiculteur et son discours sur les abeilles quand même...), à tel point que l'alternance entre mièvrerie et acidité assomme platement. Et en plus c'est souvent laid, à l'image de cette scène où la caméra suit un aigle de synthèse.

149.

Le Fauve (1961)

Dúvad

1 h 36 min. Sortie : 25 mai 1961 (Hongrie). Drame

Film de Zoltán Fábri

une critique.

Annotation :

Ce film au cœur de la campagne paysanne hongroise me permet de réévaluer le cinéma de Zoltán Fábri avec qui je n'étais pas resté en très bon termes — "La Famille Tòt", pas un grand moment — au moyen d'une fable peuplée de fermiers. Et on peut dire que "Le Fauve" est un film qui place presque toutes ses billes en un seul personnage, Ulveczki Sándor (interprété par Ferenc Bessenyei), un ogre paysan qui impose sa présence brutale au travers de son comportement envers les femmes ainsi que son rapport à un pur-sang aussi puissant et incontrôlable que lui, une métaphore qui sera filée pendant toute la durée du film. Sándor et sa réputation de coureur de jupons constitue une menace ambulante assez incroyable, un homme qui ne e pas que la moindre chose lui résiste, et surtout pas la belle Zsuzsi (Mária Medgyesi). Un animal qui ne era pas de retrouver cette femme plus tard dans le récit aux bras d'un autre homme, alors qu'il l'avait laissée tomber misérablement : point de départ d'un cataclysme dévastateur.

Le portrait qui est fait de cet homme-animal occupe l'essentiel de la première partie, et Zoltán Fábri parvient à rendre compte de toute sa bestialité au moyen de quelques symboles et quelques scènes marquantes : il y a encore une fois l'image de ce cheval réputé indomptable que Sándor maîtrise sans forcer, mais aussi le rituel du sacrifice d'un bouc (au terme d'une chevauchée impressionnante où il traverse village et champ avec la bête sur les épaules) dont il récoltera le sang pour étancher sa soif apparemment inextinguible. Le reste consacrera une trajectoire autodestructive chez ce mâle arrogant, incapable de réprimer cette facette misogyne constitutive de sa personnalité, avec pour toile fond particulièrement intéressante la Hongrie rurale d'après-guerre.

Le Complexe du Castor
6.5
150.

Le Complexe du Castor (2011)

The Beaver

1 h 31 min. Sortie : 25 mai 2011 (). Drame

Film de Jodie Foster

Morrinson a mis 4/10.

Annotation :

Jodie Foster m'a toujours inspiré pas mal de sympathie alors que je ne la connais vraiment pas beaucoup, une femme qui a l'air sagace, et je dois avouer être assez surpris de la voir associée très directement dans "The Beaver" à Mel Gibson, à une époque où il avait multiplié les frasques et les dérapages plus ou moins contrôlés. Et si tout n'est pas mémorable dans ce film j'ai la sensation que sa démarche pour aborder le cas de la dépression transpire la sincérité, à des années-lumière de la comédie que je m'imaginais — le film vendu comme Mel Gibson ventriloque avec une peluche de castor à la place du bras gauche, il faut avouer...

Grosso modo on pourrait retirer du film tout le segment teenager focalisé sur le comportement du fils, joué par Anton Yelchin, qui ne semble là que pour ajouter le petit complément dramatique qui va bien au gré d'une relation légèrement tumultueuse avec le personnage de Jennifer Lawrence (que je n'ai pas reconnue lors de sa première apparition en quasi-blonde, cheveux tirés, et surtout extrêmement jeune). C'est vraiment grossier pour illustrer les conséquences de la cellule familiale défectueuse et un tempérament quelque peu auto-destructeur.

Mais sinon, j'ai été surpris par la façon de mettre en scène cette solution trouvée par le cinquantenaire dépressif — Mel Gibson parfait dans ce rôle soit dit en ant, portrait d'un cadre blasé — qui part quand même sur des rails de comédie avec cette marionnette alors qu'il est patron d'une entreprise de jouets... Un personnage qui va changer sa vie au-delà de ce qu'on pouvait penser, dans un premier temps solution très opportune pour le sortir de sa léthargie déprimante, et ensuite présence un peu trop envahissante dont il peinera à se séparer. Ça finira même à la scie circulaire pour exorciser cette seconde personnalité... Foster dépeint cette famille américaine qui s'emmerde un peu et dans laquelle tous n'arrivent pas à s'épanouir en articulant un propos très noir et un humour souvent cinglant. C'est souvent désagréable dans les effets grossiers employés, mais c'est tout à fait honorable, étonnamment.

Morrinson

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