Lors d’un vide-grenier, Woody se fait voler par un collectionneur, qui cherche à rassembler tous les jouets incarnant les personnages d’une ancienne émission pour enfants centrée sur le sheriff Woody. Dès lors, un commando de jouets d’Andy, dirigé par Buzz l’éclair, part à la rescousse. Mais Woody, chez son kidnappeur, voit un nouveau monde s’ouvrir à lui, un nouveau monde dont il est le héros…
Quand on y réfléchit, Pixar, c’est vraiment un miracle perpétuel… Il en est en tous cas ainsi de leur saga phare, tant celle-ci aurait pu ressembler à toute autre chose, dans une réalité alternative. Prévue pour être une suite qui sortirait directement en vidéo, sur le modèle des médiocres suites Disney de l’époque, la qualité du scénario de Toy Story 2 prévu par John Lasseter était telle que les producteurs décidèrent de lui donner sa chance en salle. Bien leur en prit, car s’il est bel et bien une chose remarquable avec ce deuxième volet, c’est sa capacité à surmonter en tous points le premier volet sans jamais l’écraser.
De fait, Toy Story 2 parvient à se renouveler sans basculer dans la redite un seul instant. Le scénario, d’une inventivité que n’égale que la mise en scène, toujours aussi prodigieuse, reprend certes des thématiques du premier film, mais c’est pour les pousser beaucoup plus loin et en greffer d’autres, originales et tout aussi puissantes.
Pour commencer, l'humour se montre encore plus détonnant que dans le premier film, ce deuxième volet contenant son lot de scènes cultissimes qui font souffrir le martyre à nos zygomatiques : c'est bien simple, de la première à la dernière minute, Toy Story 2 est un éclat de rire perpétuel, qui ne s'interrompt qu'occasionnellement pour laisser poindre une petite goutte d'émotion et de poésie.
De même, plus encore que dans le premier film, chaque péripétie étonne toujours par sa manière de se greffer à l'histoire, n'ayant jamais rien de gratuit, et servant à quelque chose dans l'évolution de chacun des personnages. Rarement un scénario de film n'aura valorisé à ce point sa trame générale et ses péripéties pour en tirer un tout d'une telle cohérence.
Les nouveaux personnages sont les modèles de ce qu’il faut faire pour réussir une suite : la cow-girl Jessie aborde déjà le sujet du age à l’âge adulte, avec une retenue exemplaire, sujet qui sera mis en avant dans l’époustouflant final du volet suivant, tandis que Papi Pépite et Al, eux, viennent judicieusement aborder la question de ce qui fait d’un jouet un jouet (sujet qui sera, lui, repris dans le 4e volet) : peut-on toujours prétendre être un jouet lorsqu’on se retrouve exposé dans une vitrine pour être iré par des générations de visiteurs ?
Renouant avec la double lecture qui faisait la réussite du premier volet, Toy Story 2 actualise ainsi la question de l’acceptation de soi, en adoptant de nouveaux angles de réflexion : confronter Buzz l’éclair à son double du é ou Woody à sa famille d’origine qu’il ne connaît pas permet de faire évoluer considérablement les personnages en multipliant de manière exponentielle l’empathie que le spectateur ressent envers eux.
Le découpage en trois actes du film, épousant le parcours intérieur de Woody, se montre d’ailleurs d’une remarquable cohérence : Woody n’est tout d’abord que le jouet des gentils délires naïfs et enfantins de son propriétaire Andy, puis il s’en émancipe pour créer ses propres histoires avec sa famille d’origine, mais c’est une fois qu’il sera allé au bout de lui-même en brisant l’illusion pour la transposer dans le monde réel qu’il comprendra et acceptera pleinement son statut de jouet.
A ce titre, la séquence de l’aéroport, appliquant les codes du western dans un environnement du quotidien, se montre brillante : les galeries de mine/tapis à bagages, la course à cheval, la marche sur le toit du train/tracteur à bagages, etc… Cette scène, où le spectateur attentif voit en fait se réaliser sous ses yeux et « en vrai » le dernier épisode de la série interrompue dont Woody fut le héros il y a fort longtemps, résume à elle seule tout le génie de la double lecture pixarienne.
A cette image, tout le film est rempli de doubles sens que le spectateur adulte appréciera à leur juste valeur, et qui font de cette saga l’une de celles aux personnages les mieux écrits, tous genres confondus.
Ainsi, Toy Story 2 se montre l’archétype de la suite parfaite : ne marchant pas sur les pieds de son prédécesseur, plus abouti sur le plan technique (les personnages, animaux et environnements naturels commencent à ressembler à quelque chose) et poussant bien plus loin les différents fils narratifs et leurs questionnements posés dans le premier, le film de Lasseter, Unkrich et Brannon confirmait au spectateur de 2000 qu’un nouveau grand studio était en train de s’affirmer dans le monde de l’animation. Au spectateur d’aujourd’hui, il rappelle que le génie, toujours plus grand et plus vivant, de ce fameux studio, s’appuie sur un héritage solide, et que, comme ton bon cru qui se respecte, il ne date pas d’hier.