Millennium Mambo

Extatique est le mot qui convient le mieux pour décrire l’impression laissée par Millennium Mambo. Purement et simplement vaporeux, le long métrage signé par Hou Hsiao Hsien est un objet visuel atmosphérique qui marche sur un fil. Un livre ouvert sur un destin générationnel, un journal intime d’un vague à l’âme boudeur mais rêveur comme un éclat de rire qui se perdrait dans l’écho. Une femme, sa relation, ses amours, ses maladresses. Point final. Millennium Mambo est avant tout la glorification graphique de Shu Qi, une actrice, un visage inoubliable, un sourire, une silhouette omniprésente, convoitise de toutes les jalousies, de tous les fantasmes.

Le réalisateur est tombé amoureux de son actrice et nous aussi par la même occasion. Elle prend l’espace, est dans chaque plan du film (ou presque), est magnifiée comme rarement comme si Millennium Mambo n’était qu’un prétexte pour la contempler encore et encore. Millennium Mambo lui est dédié. Derrière cette épure du récit qui n’en est pas réellement un, Millennium brille par son esthétisme, sa capacité à prendre le pouls d’un lieu, d’aspirer l’énergie de son environnement de night-club à la coloration fluorescente. Entre une caméra qui s’agite sous la neige et des plans fixes à la photographie virtuose, Millennium Mambo ne manque pas de magie.

L’introduction est incroyable, sous des sonorités de beats d’une techno minimaliste, un long plan séquence mobile s’achemine devant nous, teinté de néons qui nous enfoncent dans un tunnel et dans la nuit taiwanaise en suivant du regard la démarche divine de cette jeune brune aux cheveux longs. Il est difficile de ne pas penser au cinéma de Wong Kar Wai notamment dans sa période de « Nos années sauvages » et des « Anges Déchus ».

Millennium Mambo contient un scénario ne qui ne va pas plus loin que le bout d’un ticket de métro, une chronique d’une jeunesse qui lève les yeux au ciel pour se souvenir de quelques instants és à vivre pleinement, de quelques émotions surgissant de nulle part, d’une insouciance vite camouflée par les affres de la routine. Un film d’ambiance qui ressemble à ces fins de soirées avec les lumières tamisées et cette musique minimaliste qui nous berce les oreilles pour nous faire dandiner et nous faire ressentir des sensations d’apaisement.
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le 12 nov. 2014

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Velvetman

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