Le jeu de go est le jeu de plateau le plus ancien de l'Histoire. La Légende lui donne sa naissance en 771-453 av. J.-C. Il a depuis été repris et énormément popularisé dans les pays d'Asie. Il est considéré comme le jeu de plateau de loin le plus intellectuel de tous. Pour exemple, là où une partie d'échecs ne propose que 20 possibilités par coup, le jeu de go en propose environ 200. Il n'a de cesse de pousser l'humain au delà de ses limites à chaque partie. C'est pourquoi on lui voue un culte extraordinaire, incomparable intellectuellement et expérimentalement à toute autre pratique. C'est une philosophie, un jeu qui s'est construit en tant qu'égal de la poésie, de la musique et de la peinture dans l'Antiquité.
Cette force du jeu de go nous amène alors au grand défi traité dans ce documentaire : La création d'une IA qui va devoir affronter le meilleur joueur professionnel de go du Monde : Lee Sedol. Il est d'ailleurs comparé à Roger Federer dans le documentaire pour sa créativité de tout instant et sa domination sans partage. C'est ce qui fait d'autant plus souligner par les experts l'impossibilité pour l'IA de l'emporter une seule fois en 5 manches : L'IA peut bien calculer des probabilités et chances pour chaque coup, elle ne pourra jamais faire face à la créativité requise pour le jeu de go.
Le défi est en tout cas lancé et va emporter 80 millions de téléspectateurs avec lui. Pour bien comprendre qu'il ne s'agit pas d'une lubie soudaine et d'une simple partie d'un jeu de plateau contre une IA. C'est devenu un événement national suivi par tout le pays en Corée du Sud, et Lee Sedol ne jouait rapidement plus que pour lui mais bien pour toute la race humaine. Au-delà de la richesse propre à ce jeu et décrite par le documentaire, c'est aussi cette ion et toutes ces émotions qui rendent le documentaire aussi happant pour le téléspectateur. Le stress et les émotions des développeurs, du joueur, des journalistes, des présentateurs TV sont captivantes.
Et on plonge dedans comme dans une finale de Grand Chelem au 5ème set pour Roger Federer. Ou quand la créativité et l'expression suprême de l'Homme est mis à mal par l'impersonnalité djokovienne d'une machine. Mais aussi blessante puisse être la défaite pour le cerveau humain, l'Homme se sert de cette expérience pour se réinventer et prendre un nouveau coup d'avance par le jeu et l'esprit : L'Histoire peut continuer de s'écrire par les virtuoses.
PS : Pour voir une série avec des parallèles philosophiques et culturels fréquents au jeu de Go, foncez sur Misaeng.